La semaine dernière, le président de l’Assemblée nationale a expliqué en séance que l’octroi d’un véhicule à chacun des 500 députés nationaux était une décision du président Tshisekedi pour remercier les élus d’avoir matérialisé son appel pour une Union sacrée. Mais ce cadeau passe mal alors que la population congolaise continue de souffrir des conséquences économiques de la pandémie de Covid.

La petite phrase qui fait scandale, c’est cette déclaration du président de l’assemblée nationale, Christophe Mboso la semaine dernière : « C’est grâce à vous. Vous avez matérialisé l’appel du chef de l’État. C’est grâce à ça que tous les députés vont bénéficier de Jeep ».

Du côté du bureau de l’assemblée, on dément toute tentative de corruption ou même de volonté de récompenser les députés. On explique qu’il s’agit d’une coutume, celle de fournir des moyens de locomotion à tous les députés, même si on est presque à mi-mandat. Pour Valery Madiangan, chargé de communication de l’Observatoire de la dépense publique (Odep), c’est faux, on n’est bien loin des procédures usuelles.

« Dans l’ancien temps, c’étaient des crédits véhicule. Le professeur de l’université de Kinshasa et d’autres universités ont souscrit également à cela. C’est-à-dire que c’est un crédit, où chacun accepte de payer au compte-gouttes. Il reçoit le véhicule et on commence à retrancher une quantité sur son salaire, à chaque mois. Mais pour le cas échéant, ce ne sont pas des crédits véhicule, selon les informations en notre possession, rappelle Valery Madianga Il s’agit d’un don. Le président de l’Assemblée nationale, lui-même, a confirmé que c’était un don du chef de l’État envers les députés de l’Union sacrée. C’est-à-dire que c’est une récompense par rapport à la création de l’Union sacrée. C’est cela, le vrai problème. »

« Pour nous, c’est un scandale ! »

L’ODEP appelle l’inspection générale des finances à enquêter. « Et deuxièmement, le problème ce n’est pas au niveau de la passation de marché public. Si c’était le crédit véhicule, c’est l’Assemblée nationale qui devait lancer l’appel d’offres, sélectionner un fournisseur de véhicule. Ici, c’est le gouvernement, selon nos informations. D’abord, cet appel d’offres n’a pas été publié conformément à la loi. Le processus a été opaque, précise Valery Madianga. C’est pourquoi nous demandons que l’Inspection générale des Finances, qui a en charge d’auditer les comptes publics, puisse enquêter sur l’origine de ces fonds, qui ont permis d’acheter des véhicules que l’on va octroyer gratuitement aux députés. Pour nous, c’est un scandale ! »

En attendant, les députés devraient recevoir d’ici à juillet leur 4×4 tous neufs. Ceux qui au palais du peuple contestent cette décision sont appelés par le bureau de l’assemblée nationale à formellement refuser ce véhicule.

RFI

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