Depuis quarante-huit heures, les événements qui se sont passés au stade TP Mazembe de Kamalondo défraie la chronique sur les réseaux sociaux et dans les médias en RDC. Entre l’indignation suscitée par le cas Youssouf Mulumbu, le public intenable et les services de sécurités débordés, FootRDC vous livre son récit de faits, tel que vécu sur le terrain. Les deux jours nous ayant permis d’analyser les faits, de confronter les sources et de prendre du recul sur un sujet trop brûlant. Que s’est-il passé au Stade Mazembe jeudi ?

Comment les services de sécurité ont été débordés

14h00, alentours Stade Mazembe. Par des cordes, les policiers essaient de contrôler les entrés principales du stade. Avec des badges, nous descendons de nos motos pour poursuivre le chemin à pieds. Aux abords de l’enceinte, première surprise, des centaines de fans, certains sous les couleurs de Léopards. Mais que viennent-ils faire ici ? osons-nous demander. Car il faut le rappeler, pour des raisons sanitaires, la CAF ne permet pas que les fans aient accès au stade, Covid-19 oblige. Sur place, les fans sont unanimes, ils doivent entrer au stade. Face à la simplicité « ridicule » des barrières de cordes et les multiples passages entre Kamalondo et le stade, la foule s’agrandi. Ceux de Lubumbashi et ceux de Kinshasa se mélangent, un capharnaüm présageant la dramatique suite des événements. Toutes les entrés du stade sont maintenant assailli, et même par des militaires et des policiers qui veulent entrer !

« En Tanzanie, les fans ont accès au stade, il n’est pas question que nous ne soutenions pas les Léopards. C’est une manière pour eux de nous faire perdre le match » nous confie un militaire, habillé en civil sa carte de service en poche, vers l’entrée sur l’avenue des sports. Débordés, les stadiers ont reçu l’ordre de barricader les portails. Jusqu’à présent, personne ne sait excatement l’identité du commanditaire. A trente minutes du coup d’envoi, des journalistes, une équipe des secouristes, probablement non invités, des autorités sont subitement seuls face aux sombres portes noirs. On frappe, on veut casser, on supplie, on appelle de l’intérieur, rien ni personne. 15h00, à l’intérieur, le coup d’envoi vient d’être donné.

Les stadiers ont reçu des ordres, mais de qui ?

15h15, sur la seule entrée encore entrouverte, un homme, chaussé de lunette, manches retroussées, demandent aux journalistes de se tenir prêt. Entretemps, certains ont tourné des reportages pour s’insurger de la mauvaise organisation. Il fait près de 30 degrés à Lubumbashi, sous le soleil étouffant et l’asphalte fumante, on s’insurge du traitement que subit la presse. « Mieux vaut encore le Stade des Martyrs » constate, désabusée, une journaliste venue spécialement pour couvrir le match. Parmi les recalés, ceux de Digital Congo, 7sur7, presse en ligne et audiovisuel confondues. Malgré eux, ils subissent la décision du moment. Les ouvrir les portes c’est laisser le public entrer, or c’est interdit. Dilemme. 15h20, le fil des journalistes s’avance enfin vers l’entrée principale du stade. Au même moment, une foule prend d’assaut le portail, la police et les stadiers ne résistent pas dix secondes. Il s’en suit une bataille entre les deux parties où le public sort vainqueur, certains les journalistes ne sachant plus où cacher leur matériel. On s’étouffe, on cafouille, on se piétine, un « Samson » d’occasion tient, avec l’aide de certains individus le portail entrouvert, des malins se faufilent dans l’enceinte, nous aussi.

15h22. Dieurmerci Mbokani ouvre le score pour la RDC. Le stade exulte, car oui, à l’intérieur, des fans refusant les huit clos remplissent quelques chaises. Dans la tribune VIP, Serge Nkonde, ministre des sports et Jacques Kyabula, gouverneur du Haut-Katanga, sont installés, une chance, car oui il s’agit bien d’une chance, que n’a pas eu un certain Youssouf Mulumbu. Mais cela est une autre histoire, on vous la raconte au prochain épisode de cette série de trois articles sur un fiasco organisationnel qui fera date.

Iragi Elisha
Footrdc

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