TRIBUNE – Le premier vice-président du Sénat de la Rd Congo, Samy Badibanga Ntita, s’est mobilisé pour apporter sa pierre au processus d’instauration d’une nouvelle gouvernance. Cet homme de contact et de confiance à la fois stratège et diplomate, dont les actes posés dans cadre sont louables, est visiblement déterminé à ne ménager aucun effort pour accompagner le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi à construire un contexte politique favorable afin de matérialiser sa vision axée sur « le peuple d’abord ! » C’est ce qu’estime l’analyste Robert Tanzey dans sa tribune, ci-dessous :

Les choses se sont précipitées sur la scène politique au point que les meilleures prévisions n’avaient pas annoncé qu’avant la fin de l’année la coalition FCC-CACH sur laquelle tout le monde pariait allait se transformer en eaux de boudin et que celui qui paraissait le plus faible en apparence allait se transformer en une forme d’ombudsman pour défendre avec puissance les intérêts du peuple.

Qui pouvait imaginer que le Président Felix-Antoine Tshisekedi pouvait changer la donne au point d’obtenir le départ du Bureau de l’Assemblée nationale dans un contexte où sa famille politique partait au début de cette législature comme la minorité au sein des institutions représentative ?

En un temps record, les choses ont changé et le Front commun pour le Congo (FCC) se retrouve avec une crise interne sous le bras où sa Coordination est prise à partie par certains de ses propres sociétaires. Mais, il est important pour nos lecteurs de comprendre la nature des faits qui se sont déroulés parmi nous pour espérer saisir ce qui est en train d’arriver dans les semaines qui viennent. Car, au regard des indices probants, le mois de janvier va profondément voir se transformer l’espace politique.

Si le Président de la République est en apparence le principal bénéficiaire du changement en cours du fait qu’il veut se donner des marges de manœuvres pour appliquer sa vision du peuple d’abord, il est aussi judicieux que cette stratégie s’est mise en place grâce à l’apport indispensable de certains politiques dont le rôle discret mais substantiel n’est pas suffisamment signalé.

Si l’on a vu le jour du vote contre le Bureau Mabunda, l’honorable Jean-Marc Kabund menant les troupes d’assaut, il est aussi vrai qu’il avait dans l’ombre d’autres politiques qui se sont déployés pour réussir ce qu’à l’UDPS on nomme un « grand coup ».

Il était important que nous puissions dévoiler un peu le rôle de celui-là, n’en déplaise à son tempérament d’homme discret, mais qui joue un rôle clé dans le dispositif de Felix-Antoine Tshisekedi. En analysant les faits depuis quelques mois, et surtout quand on prend pour repère le début du malaise entre les forces coalisées, on peut de fil en aiguille obtenir un tracé fort du rôle que joue le premier vice-président du Sénat auprès du chef de l’Etat.

L’efficacité d’un politique n’est pas une donnée spontanée, c’est une construction patiente qui passe par le partage des faits et qui aboutit au partage des idées et enfin à la mise en place d’une vision commune.

Samy Badibanga a suivi un parcours qui peut expliquer cette capacité qu’il possède d’anticiper sur les évènements et de passer aujourd’hui pour l’un des stratèges dans le carré du chef de l’Etat.

D’abord, il y a les liens historiques comme le fait que son père, à lui, fut proche de Etienne Tshisekedi et que des liens de famille existeraient entre les deux personnes. Ces liens créent une certaine intimité et donnent un appui considérable à l’élaboration des vues politiques surtout quand les relations humaines sont harmonieuses.

Ayant choisi de mener un combat non violent, et ce depuis la lettre de 52 pages, l’UDPS par ses ténors a toujours eu à faire face à un régime fort qui était l’incarnation de la résistance au changement.

Dans cette approche épistémologique, le sphinx prônait la révolte pacifique par des marches ou des villes mortes. Et comme ces méthodes ne suffisaient pas à cause des fortes répressions, l’UDPS s’est toujours réservé le droit de discuter avec le « diable » quand cela était nécessaire. Mais ces discussions devaient obéir à une orthodoxie interne parfois difficile à cerner par les politiques pressés.

Samy Badibanga est passé naturellement du cercle familial au cercle politique restreint en devenant conseiller spécial de Etienne Tshisekedi. Il faut signaler qu’il a eu sa dose de diabolisation. Car, toutes les options levées ne sont pas comprises de la même manière au sein du parti. Mais en homme tempéré, il a su renouer les liens de confiance avec les structures du parti mais surtout avec le chef de l’Etat. Et en apparence, il apparait comme un homme-clé du dispositif Tshisekedi au sein des institutions.

Pour preuve, il est parmi les rares qui avaient négocié avec le Front commun pour le Congo (FCC) et est devenu Premier Ministre, mais qui a su, après cette intermède, regagner la confiance de ses chefs. Cette négociation qui s’impose à tous s’est imposé à Etienne Tshisekedi aussi qui a eu à faire, alors que sa santé ne le permettait pas toujours, des voyages longs pour discuter de la manière socratique de faire accoucher l’Etat de Droit.

Elle s’est imposé à Felix-Antoine Tshisekedi qui devait, à l’issue des élections, de composer avec le Front commun pour le Congo (FCC) pour la mise en place d’un Gouvernement de coalition. Comme lui aussi, Samy Badibanga l’avait fait à l’issue du dialogue de la cité de l’Union Africaine.

Il faut reconnaitre qu’à chaque fois, ces négociations ont toujours rencontré l’incompréhension de la base et il fallait des hommes charismatiques comme les Tshisekedi pour faire accepter leurs mises en application.

C’est en vérité un homme rompu à la stratégie qui a montré une de ses facettes. Car, comment expliquer que, sans députés de sa plate-forme, il ait pu se faire élire sénateur ? Et au Sénat même, comment il a manœuvré pour être choisi vice premier président ? Il a fait preuve d’une certaine adresse qui a réveillé le respect de ceux qui ne le connaissaient pas encore et l’admiration de ceux qui lui ont fait confiance.

Aujourd’hui, Samy Badibanga ne jure que par Felix-Antoine Tshisekedi et s’est mobilisé pour faire avancer la vision de celui-ci. Pour s’en convaincre, il faut évoquer son rôle dans la réussite de la cérémonie de prestation de serment des juges nommés, cérémonie qui fut boycottée par tous les membres des bureaux de deux chambres.

Il a fallu de la personnalité et de la conviction pour tenir ce moment qui sera d’ailleurs fondateur de la lecture définitive du Président qu’il en était fini de la coalition. Ce jour-là était un défi permanent. Car, le sabotage de la cérémonie était évident, il fallait livrer bataille pour que des personnalités les plus représentatives de l’Etat soient présentes à cette cérémonie.

Des invitations ont disparu et il a fallu a Samy Badibanga, au four et au moulin, pour contenir la vague du désespoir qui commençait à prendre les administratifs. Il a fait le protocole, le directeur de communication et d’autres taches pour garantir à cette séance de prestation de serment son succès.

Homme de contact, diplomate et ayant en cela un carnet d’adresses important, l’ancien premier ministre est dans la position idéale pour accompagner le chef de l’Etat à construire un contexte politique qui soit favorable à réaliser son programme et ses promesses électorales qui sont en fait le pont nécessaire pour que le pays franchisse une étape de son destin vers un état prospère respectueux des droits humains.

Après avoir obtenu le départ du Bureau de l’Assemblée nationale et s’étant engagé sur le chemin de constater une nouvelle majorité, le chef de l’Etat est devant un autre enjeu, celui de choisir un informateur qui sera en fait un négociateur qui ferait passer la pullule Fatshi auprès de la nouvelle Coalition. Car, il devrait négocier et cela n’est pas chose facile avec l’ensemble des députés qui savent qu’ils font l’histoire d’autant plus qu’ils sont parvenus à faire basculer les rapports de force.

Il a besoin d’un homme de confiance qui sera, en réalité, son représentant en face des politiques avec lesquels il doit baliser le chemin de la nouvelle gouvernance. Il est d’ailleurs important que celui-ci soit proche de Felix-Antoine Tshisekedi et qu’il lui permette de construire un lien politique avec la majorité en définissant le contour des intérêts rationnels et les moyens d’y faire face sans négliger l’un au profit de l’autre.

S’il trouve cet oiseau rare, il serait mieux que celui-ci travaille dans cette approche avec Samy Badibanga pour élaborer avec le stratège les termes de référence de cette nouvelle étape.

Robert TANZEY
Zoom Eco

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