La Corée du Sud a officiellement mis en garde mardi contre l’utilisation des « machines à voter » fabriquées par une firme coréenne, redoutant des conséquences négatives sur les élections du 23 décembre en République démocratique du Congo censées organiser le départ du président Joseph Kabila.
Séoul estime que l’utilisation de ces machines « pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour des résultats indésirables liés aux élections, notamment le retard additionnel de la tenue des élections, et aussi le danger de devenir une cible des critiques », écrit l’ambassade coréenne à Kinshasa soulignant exprimer la « position officielle du gouvernement » de Corée du Sud dans un courriel envoyé à l’AFP mardi.
« La communauté internationale est préoccupée du fait que le gouvernement congolais puisse une fois de plus retarder l’élection ou mettre en danger la tenue pacifique et ordonnée de l’élection. Le gouvernement coréen partage ces préoccupations », selon ce document publié à la suite d’un article de l’hebdomadaire Jeune Afrique.
La commission électorale nationale indépendante (Céni) a commencé depuis janvier à importer en RDC des « machines à voter » fabriquée par la société sud-coréenne Miru-Systems, qui n’a pas de bureau ou de représentation en RDC.
En 2017, des dirigeants de la Céni ont effectué plusieurs déplacements en Corée du Sud pour finaliser ce marché.
La Céni estime que ces « machines à voter » permettent de « réduire le temps de vote et la période d’attente de l’annonce des résultats, la fraude électorale sinon sa suppression, ainsi que le coût global des élections ».
La machine à voter se présente sous la forme d’un écran tactile. Pour chacune des trois élections (présidentielle, législatives et provinciales), la photo des candidats apparaît sur l’écran. L’électeur choisit son candidat président, député national et député provincial. A la fin de l’opération, la machine imprime les trois noms choisis au dos du bulletin de vote que l’électeur va plier et glisser dans l’urne. A la clôture des votes, la machine affiche les résultats (nombre d’inscrits, de votants, taux de participation, nombre de voix par candidats).
Le président de la Céni, Corneille Nangaa, avait indiqué à l’AFP qu’une machine couvrirait le vote de « 600 à 700 électeurs ». La Céni affirme avoir recensé quelque 45 millions d’électeurs.
L’opposition congolaise refuse ces « machines à tricher » alors qu’elle s’est finalement ralliée au calendrier électoral prévoyant des élections le 23 décembre 2018, deux ans après la fin officielle du dernier mandat du président Kabila.
« Le gouvernement coréen ne détient aucun droit légal pour décourager de force une société privée coréenne à ne pas exporter ses produits », ajoute la lettre de l’ambassade coréenne.
« La Céni est en affaire avec une firme coréenne, pas le gouvernement coréen. Je sais qu’il y aura d’autres attaques de ce genre, mais cela ne nous ébranlera pas dans notre détermination à tenir des élections telles que voulues par le peuple congolais et non en suivant le diktat des étrangers », a déclaré à l’AFP le président de la Céni.
Avec AFP et Voa