Le signal d’alarme est tiré. L’on comptabilise déjà les premières dérives de l’ère du nouveau pouvoir. Un premier mort enregistré lors d’une manifestation politique. Une télévision privée appartenant à un membre de l’Opposition a été fermée. Sur la gestion des finances publiques, l’orthodoxie budgétaire n’est pas au rendez-vous. Ces premiers signaux sont inquiétants pour un pouvoir exercé par un démocrate issu d’un parti leader de l’Opposition.

Le changement intervenu le 24 janvier dernier, avec la première alternance démocratique et pacifique depuis l’indépendance de la République démocratique du Congo en 1960, reste un acquis de toutes les forces politiques et sociales du changement. L’avènement d’un acteur de l’opposition, de surcroît venant du parti légendaire dans la lutte démocratique qu’est l’UDPS, a suscité beaucoup d’espoir tant chez les Congolais que dans la communauté internationale.

Autant dire que l’accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême a été une chance pour la République démocratique du Congo de s’engager désormais sur la voix des valeurs démocratiques et de la bonne gouvernance. Cependant, après cinq mois d’exercice du pouvoir, il y a lieu de s’inquiéter de premiers signaux enregistrés dans le domaine du respect des droits humains que celui de la bonne gouvernance des finances publiques.

En effet, le quinquennat de Félix Tshisekedi vient d’enregistrer un premier mort lors d’une manifestation politique. Touché par une balle réelle, le manifestant n’a pas survécu à ses blessures. Cette bavure policière vient entacher terriblement la mandature d’un chef d’Etat animé pourtant de la volonté de laisser cours à l’expression démocratique. Il est certain que ce mort enregistré est à attribué à une police qui n’a appris qu’à réprimer depuis les 18 dernières années de l’ancien régime.

Le président de la République, partant de cette bavure policière, doit taper du poing sur la table pour qu’aucun autre Congolais ne puisse mourir alors qu’il manifeste pacifiquement dans les rues des villes congolaises. Il va de soi que l’auteur de cet acte doit être puni et que la famille de la victime soit dédommagée pour ce dérapage de la Police nationale congolaise. L’usage des armes létales doit être prohibé lors des manifestations politiques. La discipline et le respect des droits de l’Homme doivent être de mise dans toutes les opérations policières.

Une autre violation enregistrée est celle de la fermeture de la chaine de télévision privée RTVS. Coupé depuis le 29 juin dernier, le signal de ce média, appartenant à un acteur politique membre de la plateforme LAMUKA et, donc, de l’opposition, n’a pas été rétabli jusqu’à jeudi 4 juillet au moment où nous mettions sous presse.

« Aujourd’hui, six jours après cette coupure brusque et brutale, la RTVS1 constate, non sans regret, que son signal n’est pas encore rétabli, pendant que les institutions habilitées affichent un mutisme coupable. Tout en déplorant la continuité des pratiques anachroniques teintées de la dictature, que les Congolaises et Congolais ont tant décriées, la RTVS1 dénonce et condamne avec la dernière énergie, cette coupure non justifiée de son signal, qui intervient au moment où la RDC –République démocratique du Congo– se cherche encore sur la voie de la consolidation de sa jeune démocratie », note un communiqué de la chaîne parvenue au quotidien Le Potentiel.

Si sous l’ancien régime, plusieurs médias appartenant aux acteurs politiques de l’Opposition ont payé les frais par des fermetures injustifiées, il est inquiétant que les mêmes pratiques se reproduisent sous le mandat de Félix Tshisekedi qui a promis de faire de la presse le quatrième pouvoir.

Autre fait inquiétant, c’est la gestion des finances publiques. Non seulement le nouveau pouvoir ne parvient pas jusque-là à maximiser les recettes publiques, mais aussi il n’arrive pas à contenir ses dépenses. Il a fallu juste 5 mois au nouveau locataire du Palais de la nation pour consommer 97,98 % de son budget annuel.

Les dépenses de la présidence de la République se chiffrent à 75 millions USD au 31 mai 2019 contre un budget global annuel de 77,7 millions USD. Il s’ensuit que la présidence de la République foule au pied les règles élémentaires de gestion des finances publiques. Au cours de la conférence de presse tenue le mardi 2 juillet à Bunia, en Ituri, le chef de l’Etat, a promis l’orthodoxie budgétaire quand le gouvernement sera mis en place. C’était pour répondre à une question sur le dépassement budgétaire dont on accuse l’institution Présidence de la République.

Autant de signaux qui inquiètent et qui interpellent le président de la République qui a été voté pour le changement et non pour la continuité.

Amédée Mwarabu
Le Potentiel

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