Une frange de députés nationaux élus de la province du Nord-Kivu désapprouve les propos tenus lundi dernier par le président de la république, Joseph Kabila à propos de l’incendie de sa résidence fin 2017 à Musienene, 17 kilomètres au Sud de la ville de Butembo. Kabila avait implicitement, tenu comme responsables de l’attaque de sa résidence, les “Nandes”, ethnie majoritaire dans la zone où sa maison a été attaquée.

Dans une déclaration mercredi 18 avril 2018, ces députés, la plupart de l’opposition, ont qualifié les propos du chef de l’Etat “d’amalgame ethniciste”.

“Ces propos tenus par le Chef de l’État, plantent le décor d’un amalgame ethniciste qui peut avoir des conséquences génocidaires dramatiques sur terrain. Ces propos inquiètent tous les Congolais épris de paix, surtout que cette région de Grands-Lacs a déjà vécu des épisodes sanglants, notamment le génocide rwandais dont la haine et la violence s’étaient nourries au fil des années par des discours analogues tenus librement par de hauts responsables d’un régime de triste mémoire”, déclarent-ils.

Joseph Kabila s’est exprimé devant les députés de la Majorité présidentielle ainsi que du PALU à la Cité de l’Union Africaine.

“J’ai reçu un appel de Beni pour apprendre que ma maison à Musienene a été attaquée par des Maï Maï qui croyaient qu’il y avait des armes cachées là-bas, ce qui n’était pas le cas. Mais je constate qu’il y a des Nande non pas seulement au Nord-Kivu, mais aussi à Kelemie, ici à Kinshasa et partout à travers le pays. Mais qui est-ce qui attaque les Nande parce qu’ils sont Nande ? C’est la question que je me pose”, s’était-il interrogé.

Tueries à Beni

Dans leur déclaration, les députés nationaux se sont insurgés également contre le rejet de la motion de défiance lundi dernier contre le ministre de la Défense nationale, Crispin Atama Tabe à l’assemblée nationale. L’auteur de la motion, le député Paul Muhindo reprochait au ministre la persistance de l’insécurité notamment à Beni où des centaines de civils ont été tués par des présumés ADF depuis octobre 2014.

“Le fait pour l’Assemblée nationale d’étouffer tout débat public sur le massacre des populations congolaises notamment à Beni, Lubero, Rutshuru, renforce le sentiment d’abandon total d’une partie du peuple congolais livré à l’holocauste des tueries sans foi ni loi par les plus hautes institutions de la République”, disent-ils.

La motion de défiance contre le ministre de la Défense nationale n’a pas été examinée suite à une motion incidentielle de la députée nationale, Vicky Katumwa, élue de Kalemie (Tanganyika), qui expliquait que la démarche violerait la secrète défense.

Mercredi, plus de cent organisations féminines des provinces de l’Ituri, du Maniema, du Nord et du Sud-Kivu ont dénoncé le blocage de l’examen de ladite motion et demandé aux élus de la réintroduire au bureau de l’Assemblée nationale.

“Les femmes de l’Est de la RDC demandent au président de l’Assemblée nationale de traiter avec diligence et responsabilité la question de l’insécurité dans le territoire de Beni et autres entités de l’Est (…) condamnent fermement cette culture de manque de redevabilité des institutions de la République et recommandent qu’un climat favorable à la paix et de la collaboration entre les institutions nationales soit observé”.

Ces femmes exigent également à la députée Vicky Katumwa, autrice de la motion incidentielle n’ayant pas permis l’examen de la motion de défiance, de présenter des excuses à la population de Beni, en particulier, et aux Congolais, en général.

Christine Tshibuyi

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