Entretemps, plusieurs regroupements politiques confirment leur adhésion à l’initiative de Fatshi.

Après plusieurs reports, la plénière tant attendue de l’Assemblée nationale se tient finalement ce vendredi 22 janvier. Selon le Bureau d’âge qui a annoncé la nouvelle dans son communiqué officiel rendu public hier jeudi 21 janvier, deux points sont inscrits à l’ordre du jour de ladite plénière. A savoir : l’identification de la configuration de la Chambre basse et la déclaration d’appartenance des regroupements politiques soit à la majorité, soit à l’opposition. S’ajoute à cela, l’examen et l’approbation subséquente du Rapport de la commission mixte Relations extérieures, économique, financière et de contrôle budgétaire. Par ailleurs, la plénière devra procéder au vote du projet de loi autorisant la ratification de l’Accord créant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).

Vu des analystes, la plénière de ce vendredi à l’Assemblée nationale est l’une de tous les enjeux. Car, après toute la frénésie charriée par l’adhésion à l’Union sacrée de la Nation (USN), c’est finalement aujourd’hui que les choses devront finalement se clarifier. Emprunté au jargon des arts martiaux, cette assemblée des députés nationaux est considérée comme le dernier round qualificatif du combat qui oppose l’Union sacrée au FCC, autour de la majorité à l’hémicycle.

Faut-il dès lors, considérer que l’heure de la vérité a effectivement sonné ? Dans ce duel de rapport des forces, entre la famille politique de l’ancien Président congolais Joseph Kabila et le camp de son successeur Félix Tshisekedi, la donne a-t-elle véritablement changé à la Représentation nationale ? Après des vagues successives d’adhésion à l’initiative de Félix Tshisekedi, est-il permis de conclure, au stade actuel de la situation, que les dés sont jetés ? Si oui, la plénière de ce vendredi est elle une simple formalité pour, justement, formaliser le basculement supposé de la majorité à l’hémicycle ? Autant de questions restées suspendues sur les lèvres de plus d’un analyste.

LE VERROU DU DUO BEMBA-KATUMBI VA-T-IL SAUTER ?

Au-delà de la saga observée ces derniers jours autour de l’Union sacrée de la Nation, il reste à évacuer une hypothèque. A savoir l’énigme du duo Bemba-Katumbi qui conditionne leur adhésion à la nouvelle dynamique, par la prise en compte de leurs cahiers des charges respectifs. Que va-t-il se passer? Les regroupements MLC-Alliés, AMK-G7 et Ensemble pour la République, se sont-ils ravisés après les propos mardi dernier, du Président intérimaire de l’Udps, Jean-Marc Kabund qui a présenté ces deux acteurs de Lamuka, comme demandeurs d’emploi ? Le verrou Bemba-Katumbi va-t-il finalement sauter au cours de la plénière de ce vendredi ? Trêve de supputations !

Toutefois, sous réserve de la réalité qui sera constatée ce jour dans la salle des Congrès, des sources concordantes renseignent que plus de 300 députés auraient adhéré là l’Union sacrée de la Nation, initiative lancée par le président Félix Tshisekedi, après la rupture officielle de l’ex-coalition FCC-CACH, en décembre dernier. A en croire les mêmes sources, chaque député se réclamant désormais de la nouvelle majorité, aurait même rempli et signé sa fiche d’adhésion au 22ème étage de l’Hôtel du fleuve où l’informateur Modeste Bahati a pris ses quartiers.

Au cas où ces chiffres s’avéreraient vrais, alors Félix Tshisekedi pourrait dorénavant, s’estimer avoir beau jeu et réussi son pari. Toutefois, rien ne semble déjà totalement acquis pour le Chef de l’Etat congolais, bien que favori des pronostics. En même temps, le camp adverse (FCC) reste attaché aux textes légaux et ne s’avoue pas encore vaincu. Bien au contraire, la famille politique de Joseph Kabila s’engage à mener le combat jusqu’au bout.

Aussi énigmatique soit-elle et décisive soit-elle, la plénière de ce vendredi se veut être un test grandeur mesure pour les députés nationaux. Comme le fameux enfant héros du poème « Les deux chemins » d’Octave Aubert, nos élus se trouvent à leur tour à la croisée de chemins et doivent choisir. Pourvu que ce choix supposé de la raison, soit guidé par l’intérêt supérieur reposant sur les aspirations légitimes de l’écrasante majorité silencieuse.

Etant entendu que l’Union sacrée de la Nation -même si ses contours restent encore à éclairer -est considérée dans l’imaginaire collectif des Congolais, comme la fin du règne de la toute puissante et incontournable « Autorité morale », les députés nationaux membres de la nouvelle majorité, ne devront faire allégeance qu’à une et unique personne. A savoir le Président Félix Tshisekedi pour qui ces élus devront publiquement déclarer leur loyauté ce vendredi. Pourvu qu’ils y croient fermement!

LA FIN D’UN BAL DE CHAUVES?

Hormis la recherche de nouveaux équilibres numériques à l’Assemblée nationale, la plénière de ce vendredi a aussi le mérite d’être la fin d’un bal de chauves pour le Front commun pour le Congo. Car, au moment où l’on parle des départs massifs de ses anciens membres pour l’Union sacrée de la Nation, le camp politique de Joseph Kabila semble ne plus avoir à jour, son registre des présences. Combien de députés ont effectivement quitté la barque FCC ? Combien sont restés constants et loyaux au prédécesseur de Félix Tshisekedi? On en saura donc plus, à l’issue de la grande réunion de la Chambre basse de ce vendredi qui permettra donc à cette plateforme politique, de se livrer à un exercice de comptabilité.

Au regard de toutes les adhésions annoncées avec fanfare, de ses anciens sociétaires à l’Union sacrée, doit-on conclure que la messe est dite pour le FCC? La tentation de prendre un tel raccourci parait bien évidente. Toutefois, le FCC bien que conscient d’avoir « perdu » nombre de ses sociétaires à l’Assemblée nationale, à l’effet de la transhumance, reste debout, en s’appuyant sur des dispositions sans équivoque des articles 26 et 54 du Règlement intérieur de la Chambre basse, jugé conforme à la Constitution par la Cour constitutionnelle et publié dans le Journal Officiel de la RD Congo.

« Au début de chaque législature, les partis et regroupements politiques déposent au Bureau provisoire de l’Assemblée nationale, une déclaration d’appartenance à la Majorité ou à l’Opposition dûment signée par chacun d’eux. La proportionnalité entre la Majorité et l’Opposition est constatée par l’Assemblée plénière qui prend acte », stipule l’article 26 dudit Règlement qui tient lieu de bréviaire pour le législateur congolais.

Par ailleurs, l’article 54 dudit Règlement postule qu' »un député ne peut faire partie que d’un seul groupe parlementaire. Il exerce ce droit une fois au cours de la législature. Un député qui quitte son groupe parlementaire perd le droit de s’affilier à un autre groupe, il devient non-inscrit. Il en est ainsi du député qui est exclu de son parti. Le député qui n’appartient à aucun groupe parlementaire est appelé non -inscrit. Chaque député est membre du groupe parlementaire auquel appartient le parti politique dans le cadre duquel il a été élu. Les groupes parlementaires sont constitués pour la durée de la législature… »

A la lumière des deux articles sus-évoqués du Règlement intérieur de la Chambre basse, plus d’un observateur pense que les choses ne sont pas aussi faciles, qu’on le croit, pour le Président Félix Tshisekedi, de renverser la vapeur. Mieux, de changer la donne à l’Assemblée nationale. Comment devra-t-il s’y prendre pour déverrouiller ces dispositions bien murées? Nombre d’élus du FCC ayant basculé dans le camp adverse, s’exposent-ils au risque de perdre leur mandat de député ?

Il est vrai que les textes ne sont plus tout à fait de stricte observance. Le bras de fer entre le Président Tshisekedi et son ex-allié ayant eu pour conséquence la mise entre parenthèses de la force du droit. En d’autres termes, la force du droit semble avoir pris le dessus sur le droit de la force.

Toujours est-il qu’en plus des députés dissidents du FCC, des députés CACH et ceux de l’AFDC – A, Félix Tshisekedi pourrait également compter sur une quinzaine de députés MLC. Intervenant hier sur Top Congo Fm, le député national Raphaël Kibuka, porte-parole du regroupement politique MLC et alliés, a confirmé l’adhésion des députés Bembistes à l’Union Sacrée. Ce, après avoir signé la motion de censure contre le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba.

Reste donc les élus d’Ensemble pour la République de Katumbi qui, jusqu’hier, n’avaient pas encore confirmé leur embarquement dans le navire battant pavillon USN. Ce, malgré le fait qu’ils aient apposé leurs signatures sur la motion contre le chef du Gouvernement. « Notre signature de la motion contre le Premier ministre n’implique pas d’office notre adhésion à l’Union Sacrée, tant que notre cahier des charges ne sera pas pris en compte « , a confié un député proche de l’ex-gouverneur de l’ancienne province du Katanga.

Toutefois, on apprend qu’en dépit de la réticence de l’aile radicale des Katumbistes, une bonne frange de députés d’Ensemble pour la République, on parle d’une quarantaine sur les 70 que comptent les deux groupes parlementaires pro Katumbi auraient fait allégeance à Félix Tshisekedi. Dans tous les cas, la plénière de ce vendredi mettra fin au suspense.

Grevisse KABREL et Eric WEMBA
Forum des as

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