Des observateurs se demandent si c’est vraiment le moment de sevrer le Président de la République des services de son tout premier collaborateur, à savoir son Dircab.

Va-t-on droit vers une crise au sommet au sein de la coalition CACH  » (Cap pour le changement)  » du tandem FATSHI-Kamerhe? Le Directeur de cabinet et principal allié du Président de la République devait être entendu hier lundi par un magistrat instructeur dans l’affaire de la gestion de fonds publics alloués au programme d’urgence de Félix Tshisekedi, officiellement lancé le 2 mars 2019. Depuis 48 heures, l’audition du leader de l’UNC semble reléguer au second plan la riposte à la pandémie de COVID-19.

Sans rentrer dans la gestion du dossier 100 jours, sans non plus avoir la prétention de se substituer à la Justice pour distribuer les bons et les mauvais points, il se pose tout de même un problème d’opportunité. La question que l’opinion, qui suit cette saga, se pose est celle de savoir :  » Est-ce vraiment le moment de relancer cette procédure judiciaire ?  » – non pas qu’elle ne soit pas nécessaire, bien au contraire, c’est même très important – mais compte tenu de cet impondérable majeur qu’est le COVID-19, est-ce le moment de délester le chef de l’Etat de son tout premier collaborateur, à savoir son Directeur de cabinet ?

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Dans son adresse à la nation le 18 mars dernier, le Président de la République qui, lui-même, assimile le Coronavirus à une guerre, a besoin de tout son état-major pour mener à bien cette bataille. On sait que dans le contexte actuel, s’il arrivait que l’UNC qui a déjà annoncé ses couleurs tirant les leçons de ce qu’il considère comme  » acharnement contre Vital Kamerhe « , qu’adviendrait-il ?

Car la formation kameriste a averti dans une déclaration dimanche 5 avril qu’elle a eu à mener des combats plus rudes sans faillir. Et qu’elle est prête à affronter courageusement celui qui pointe à l’horizon.

Et comme pour prévenir solennellement FATSHI des conséquences difficiles à évaluer en ce qui concerne l’avenir de la coalition CACH, les signataires de ladite déclaration ont sorti l’artillerie lourde. « L’UNC réaffirme son attachement à la coalition CACH-FCC et à l’Accord de Nairobi sans lequel le CACH n’aurait pas vu le jour et ne serait pas par conséquent arrivé au pouvoir « , peut-on lire.

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Or, au sein même de l’UDPS, il y a des voix qui en appellent à la rupture, estimant que l’Accord de Nairobi n’aurait plus sa raison d’être dès lors que Vital Kamerhe n’a pu être Premier ministre. Selon eux pour que ce deal politique s’applique, il eut fallu que le leader de l’UNC devienne Premier ministre, or il ne l’est pas.

C’est dire que l’UNC qui a rappelé cette alliance avec CACH peut envisager la rupture. Ce qui va entraîner ipso facto la redistribution des cartes. Or le parti de Kamerhe occupe d’importants portefeuilles ministériels au sein du Gouvernement (Vice-Primature Budget, ministères d’Etat Information et Médias ; Formation professionnelle, Affaires foncières…) qui pourraient induire la déstabilisation des institutions, notamment l’Exécutif central. Le moment est-il indiqué pour déstabiliser le Gouvernement ?

Si l’on gratte les dessous politiques de cette affaire, qui sentiraient l’horizon 2023, on peut se poser la question de savoir si c’est vraiment le moment de dégainer. A défaut d’arrondir leurs angles, l’UDPS et l’UNC gagneraient à postposer leur guéguerre afin de mener le seul combat qui vaille en ce moment, c’est-à-dire contenir le COVID-19 qui s’étend sur le pays.

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Mais le Chef de l’Etat aurait-il engagé le redoutable pari de laisser la justice faire son travail ? C’est tout à son honneur. L’Etat de droit ne fait-il pas partie des valeurs fondamentales, voire du credo de l’UDPS? Seulement, gare à l’effet boomerang du dossier.

Dans cette affaire, Vital Kamerhe est le premier proche de FATSHI à être visé par la Justice. En février, quatre chefs d’entreprises dont trois expatriés ont été entendus et placés en détention préventive à l’ex-prison centrale de Makala. Deux d’entre eux ont été libérés après avoir versé la caution.

Didier KEBONGO

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