Le quartier Camp Luka de Ngaliema, n’aura pas été pour Delly Sesanga Hipungu Djakaseng, ce qu’autrefois fut la ville belge de Waterloo pour Napoléon 1er en juin 1815. Bien au contraire. Après les deux premiers meetings interdits respectivement le 5 et le 12 décembre courant, le leader d’Ensemble des volontaires pour le redressement de la RD Congo a, enfin, communié hier dimanche, avec les militants et sympathisants de son parti des quartiers 3 et 4 de ce coin périurbain de la ville.

«Le peuple va récupérer son pouvoir en 2023», promet fermement Delly Sesanga, sur un ton sévère. Est-ce Quolibet ? Est-ce aussi une menace ou une Intimidations à prendre au sérieux? Peut-être, rien de tout cela. Seulement voilà, dire des choses en ces termes et dans le contexte politique actuel du pays, le Commandeur d’Ensemble sait de quoi il parle.

C’est donc un Delly Sesanga déterminé et imparable qui, contre toutes les attentes insoupçonnables, a foulé le sol de ce quartier de Ngaliema, devenu depuis quelques années le thermomètre de mesure de popularité de nombreux acteurs politiques, toutes loges confondues. Dire que tous y vont rencontrer la même cible, très assagie de discours dont elle ne sait plus faire la moindre synthèse en termes d’analyse de contenu de différentes offres politiques.

Face à une foule de personnes qui lui a réservé un standing ovation, Delly Sesanga s’est vite fait sa propre religion, quant à ses parts de marchés dans cette partie de la capitale. Autrement dit, s’il faut procéder à une sorte de Gerrymandering typiquement congolais, le numéro 1 d’Envol sait ce qui lui revient désormais. Sur base des réalités sur le terrain, il note non sans satisfaction que Camp Luka était tout, en tout cas sauf un fief de la nouvelle Majorité parlementaire post-coalition FCC-CACH.

Ainsi, lorsqu’il s’adresse au Président Félix Tshisekedi pour lui faire part de ce qu’il a vécu lors de son meeting d’hier, le «général 4 étoiles» d’Envol, parti membre de la plateforme AMK de Moïse Katumbi, ne fait usage d’aucune circonlocution. «Monsieur le Président Tshisekedi, on vous trompe. Camp Luka n’est pas acquis à la cause de votre famille politique (Union sacrée de la Nation, Ndlr)». La vérité doit se savoir. La population de Camp Luka souffre terriblement», a-t-il argué. Et d’ajouter : «Nous étions à Camp Luka. La peur a changé de camp. Nous avons prouvé que le Congo nous appartient tous».

S’agissant de l’annulation de deux premiers meetings de son parti prévus dans ce même quartier, Delly Sesanga, fils de son père, explique : «Nous avons écrit à Gentiny Ngobila conformément à la constitution, il a annulé le premier rendez-vous du 5 décembre à quelques minutes de l’activité. Nous avons écrit à nouveau mais il a privilégié l’activité des autres, en nous demandant de trouver une autre date. La troisième fois, il n’a même pas répondu. C’est la violation de la constitution. Nous avons prouvé de quoi nous étions capables. Nous avons foulé le sol de Camp Luka et avons parlé à la population», a renchéri de député national devant la foule en liesse.

Sur un ton qui n’a pas caché sa révolte personnelle, Delly Sesanga n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger l’attitude du Gouverneur de la ville de Kinshasa, vis-à-vis de l’objet de ses différentes correspondances. «Nous nous sommes battus pour ce pays. Nous avons même touché les armes pour l’instauration de la démocratie. Nous ne pouvons pas accepter la dictature. Ils veulent faire de Camp Luka leur propriété privée, alors qu’ils n’y ont rien fait du tout par rapport aux nombreuses attentes d’une population n’ayant accès ni aux services sociaux ni aux infrastructures de base. Je viens de là. Il n’y a ni route ni pont ni encore moins, un semblant de développement. Construisez-y des infrastructures si vous voulez en faire votre propriété privée», a ponctué Delly Sesanga. .

Aussi, le leader d’Envol demande-t-il au premier des Kinois de se concentrer sur le développement de sa juridiction plutôt d’interdire des manifestations publiques de ceux qui ne partagent pas la vision de l’Union sacrée.

Tout en dénonçant ce qu’il qualifie lui-même d’arbitraire dans la façon de faire des éléments de la Police nationale congolaise (PNC) ayant dispersé la foule, alors que le gouverneur était saisi au sujet de l’organisation de la manif de son parti, Delly Sesanga promet de repartir à Camp Luka dans un futur proche.

SE DEBARRASSER DES «CORBILLARDS»

Devant de nombreux militants et sympathisants de son parti venus l’écouter, Delly Sesanga a, par ailleurs, exhorté Félix Tshisekedi à se débarrasser d’une race d’acteurs politiques qu’il a qualifiés de «corbillards». Par ce terme, le président national du parti Ensemble des volontaires pour le redressement de la RD Congo, sous-entend ces politiciens qui ne sont dans la très convoitée ou courtisée – c’est selon – Cour présidentielle, rien que pour accompagner les différents Chefs de l’Etat à leur dernière demeure, avant de chercher d’autres cadavres. «Évitons le tribalisme. Ce pays appartient à toutes les tribus», a-t-il dit.

Sans doute qu’aux yeux de plus d’un, la métaphore utilisée dans le passage précédent pourrait paraitre assez forte. Toutefois, pour l’auteur de ces propos, par «politiciens-corbillards», il faut comprendre ceux des acteurs dont le soutien apparent au Président de la république ne repose sur aucune idéologie. Il s’agit, en d’autres termes, des profiteurs, des situationnistes qui surfent sur une conjoncture politique donnée pour garantir leurs survies. On ne serait donc pas là, très loin de la dissonance cognitive chère à Léon Festinger.

«UNE DICTATURE S’INSTALLE …»

Abordant le chapitre du débat parlementaire à l’hémicycle, l’initiateur du parti Envol laisse tomber les muselières. Il dénonce avec verve, ce qu’il qualifie de dictature à outrance qui se serait installée à l’Assemblée nationale.

«Quand nous disons non au dépassement budgétaire, on nous coupe la parole. Nous devons être dans l’unité pour le développement de notre pays. Nous refusons la dictature. Aujourd’hui pour faire un meeting dans la tranquillité, il faut être de l’Union sacrée. À Kinshasa, nous n’accepterons jamais cette forme de dictature. Ce pays nous appartient», a-t-il expliqué sur fond des applaudissements frénétiques de l’assistance.

En ce qui concerne la très controversée taxe RAM (Registre des appareils mobiles), à Envol, on dit ne pas du tout comprendre le sadisme des dirigeants actuels du pays qui, selon lui, continuent à piller la population par cette taxe dont le parlement n’arrive pas à retracer.

Ainsi, devant ses militants, Delly Sesanga n’est pas allé par des voies retords, pour souligner le caractère illégal de cette taxe maudite par la quasi-totalité des usagers du GSM en RD Congo. «Quand nous voulons parler du RAM à l’Assemblée nationale, ils refusent. Où part l’argent récolté sans se soucier de la population ?»

Tout bien considéré, le numéro 1 d’Envol a encouragé la population à) demeurer déterminée pour des actions de grande envergure à venir. «Soyez déterminés. Aujourd’hui, je leur ai démontré que je ne suis pas n’importe qui. Merci pour votre mobilisation. Nous allons ouvrir le siège d’Envol à Camp Luka pour notre population. Le Congo nous appartient tous», a-t-il conclu.

Grevisse KABREL
Forum des as

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