L’Accord dit de la Saint-Sylvestre de l’année 2016 a porté au poste de Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe, compagnon de lutte du Sphinx de Limete pendant trente-six ans, de la manière que tout le monde sait. Au sein de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), beaucoup attendait la nomination à la tête du gouvernement du fils biologique et politique de l’opposant historique, en l’occurrence, Félix Tshisekedi Tshilombo. Mais, Joseph Kabila Kabange, alors Président de la République, décida autrement. Puis, arrivèrent les élections combinées du 30 décembre 2018.

La CENI proclama Félix Tshisekedi vainqueur de la présidentielle. Aussi, l’alternance au sommet de l’Etat congolais se produisit-elle un certain 24 janvier 2019, au Palais de la Nation, à la lisière de la Gombe. Ce jour-là, en effet, sous le rythme saccadé de vingt-et-un coups de canons, Kabila, après 18 ans de règne, céda, enfin, son fauteuil à Fatshi. Evénement historique !Exégèse

De janvier à mai 2019, Bruno Tshibala est resté aux affaires comme un spectateur, ses ministres ont été réduits en simples exécutants. Signée en date du 25 janvier 2019, une note de la Présidence de la République déchargeait le gouvernement Tshibala qui, selon les us et coutumes, expédiait les affaires courantes.

Tout le pays a tenté d’être dirigé au niveau de la Présidence de la République avec un Cabinet éléphantesque piloté par Vital Kamerhe, l’allié politique de Félix Tshisekedi au sein de la coalition Cap pour le Changement (CACH).

C’est en cette période qu’a vu le jour le fameux programme intérimaire de 100 jours du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi Tshilombo.

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A l’Udps, le régime d’intérimaires cancané…

Au niveau du parti présidentiel (UDPS), Fatshi avait passé le relais à Jean-Marc Kabund qu’il désigna président ad intérim avec un mandat spécial lui délivré par le nouveau locataire du Palais de la Nation.

Ce dernier nomma, à son tour, un Secrétaire Général a.i., en la personne d’Augustin Kabuya. Les deux intérimaires sont, aujourd’hui, contestés par un groupe de frondeurs. Ceux-ci ne cessent de réclamer, à cor et à cri, la tenue d’un nouveau Congrès électif. Depuis lors, c’est la pagaille qui y a élu domicile.

100 jours, la manne cachée derrière le programme

Quant au programme de 100 jours, celui-ci prévoyait un volet infrastructures : les routes dans le Grand Kasaï et le Kivu ; un volet logements sociaux : maisons préfabriquées ; un volet eau et électricité ; un volet transport ; un volet enseignement (la gratuité), … Un an et cinq mois après, on n’a pas réalisé ces différents volets en raison des détournements.

En sa qualité de Coordonnateur dudit programme, Nicolas Kazadi en a même appelé à des audits professionnels, réalisés dans des délais raisonnables et aboutissent à des conclusions claires et crédibles.

A travers un communiqué officiel publié un certain 15 février 2020, cet Ambassadeur itinérant du Président Félix Tshisekedi avait porté l’information du public les clarifications suivantes : «[…] S’agissant du programme dit de 100 jours, n’ayant pas été associé à sa conception, ce n’est qu’après son lancement que j’ai été chargé, par Monsieur le Directeur de Cabinet, d’assurer la coordination de son suivi au sein d’une Commission ad hoc. Ladite Commission a travaillé sous l’autorité directe du Directeur de Cabinet. Son travail a essentiellement consisté à : Compiler les rapports en provenance des entités en charge de l’exécution des travaux ; Organiser les missions de suivi sur terrain ; Faciliter la bonne exécution du programme. En ma qualité de Coordonnateur, je n’ai bien sûr pas eu de contact financier quelconque, ni avec les entreprises privées ou publiques retenues pour les différents projets, ni avec les ministères des Finances ou du Budget. Cela ne relevait aucunement de mes prérogatives».

Un certain 20 mai 2019, Fatshi nomma un nouveau Premier ministre, en l’occurrence, Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Lui et son équipe gouvernementale seront investis le 6 septembre de la même année. C’est vers cette période que le programme intérimaire de 100 jours connaîtra un coup d’arrêt. Histoire d’y voir clair.

L’année 2019 n’aura servi qu’à installer les nouvelles institutions et à discuter sur les accords FCC – CACH. Fin 2019, la Coronavirus se déclare en Chine. Cette pandémie devient une réalité en RD Congo le 18 mars 2020. Dans l’entre-temps, 2020 déclaré «Année de l’Action» par le Chef de l’Etat démarre sur fond de déficit.

En justice, les problèmes se multiplient. Des millions de dollars américains se seraient volatilisés dans la nature. Il y a l’affaire Jammal Samih dans laquelle Vital Kamerhe, alors Directeur de Cabinet du Président de la République, et Jeannot Muhima sont cités. Le procès reprendra le 25 mai prochain. Il y a aussi l’affaire David Blattner, patron de la société Safricas, impliqué dans la construction des sauts-de-mouton. Son procès débute, dès que l’affaire est réellement fixée, à partir de la semaine du 18 mai 2020.

Il y a également l’affaire de la construction de la route au Nord-Kivu dans laquelle Fulgence Lobota Bamaros, le Directeur Général de FONER aurait cité les Directeurs Généraux de SOCOC, de l’Office des Routes (OR) et de l’Office des Voiries et Drainages (OVD). Il y a l’affaire Thierry Tymeans, l’ex-DG de la Rawbank ; l’affaire du DG de l’OGEFREM, Patient Saïba ; l’affaire Pascal Mukuna… Et, la liste, comme l’on peut se rendre à l’évidence, n’est vraiment pas exhaustive.

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Etat de droit ou poudre de perlimpinpin ?

Avec un nombre si impressionnant de dossiers judiciaires, se dirige-t-on vers l’instauration d’un véritable Etat de droit ou c’est tout simplement de la poudre de perlimpinpin jeté aux yeux du peuple congolais ?Puisqu’en tout état de cause, pour que cet Etat de droit s’installe et se consolide, la justice, dans toute son indépendance, sa liberté et son impartialité, doit faire son travail et dire le droit, le vrai alors. Et, dans un tel contexte, les juges ne sont soumis qu’à l’autorité de la Constitution et des lois de la République.

D’où, les immixtions, les trafics d’influence, le clientélisme, les alvéoles du barillet des règlements des comptes, les affaires d’intouchables et autres thuriféraires jouant aux fous du roi, devraient, dorénavant, appartenir au vieux temps où le culte de l’impunité constituait la ruche d’abeilles pour tous les criminels et ‘’kulunas’’ en cravate sont certains sont aujourd’hui happés, pourchassés et rattrapés dans la nasse.

Et l’année de l’action ?

Où est-elle passée ? Et maintenant, comment résorber la fracture du déficit budgétaire et, en même temps, combattre et vaincre Coronavirus avec l’état d’urgence sanitaire qui se prolonge à l’infini ?

Après tout, nombreux sont qui exigent que Félix Tshisekedi, ainsi qu’il l’avait promis, lui-même, depuis son passage à Londres, peu avant de se rendre à Davos en Suisse et de rencontrer les juifs américains aux USA, lâche l’encre inéfragable de son ‘’Bic rouge’’ pour commencer à nettoyer les écuries d’Augias. ‘’Il a longtemps traîné. Voilà pourquoi certains, même dans son entourage immédiat, en ont abusé’’, susurrent-ils, tout en espérant qu’il sanctionne administrativement tous les gestionnaires impénitents de son programme de 100 jours et qu’il étende la main vers les entreprises et autres services publics où des cas de détournement avéré ne devraient pas attendent de si longues et coûteuses procédures judiciaires. ‘’Un audit généralisé de la situation patrimoniale de ces entreprises et services publics, centres névralgiques de la vie économique nationale, apparaît ainsi comme le début d’une mise au point de tout moteur qui veut aller’’, recommande-t-on.

La Prospérité

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