Depuis le mois d’octobre 2022, la Centrale électorale n’a reçu ni les frais de fonctionnement ni les fonds des opérations. Les ressources allouées aux scrutins proprement dits sont épuisés dans l’enrôlement, alerte Denis Kadima.

Faut-il déjà craindre un report des élections censées se tenir le 20 décembre prochain? Les déclarations du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Denis Kadima, à 9 mois ans de l’échéance, inquiètent les Congolais.

Intervenant sur la chaîne du cinquantenaire «Télé 50», le dimanche 5 mars courant, Denis Kadima a révélé que la Ceni n’a plus bénéficié des frais de fonctionnement encore moins de frais des opérations, depuis le mois de septembre 2022.

Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, le président de la Centrale électorale dit ignorer les raisons du retard dans le décaissement des fonds, indiquant dans la foulée que cette situation est très inquiétante pour la suite du processus.

«Je parie qu’avec la guerre peut-être les ressources ne suivent pas. En tout cas, je ne sais pas. Mais en ce qui nous concerne, nous constatons que, nous venons d’entrer dans le sixième mois et c’est très inquiétant, nous sommes bloqués», s’est plaint Denis Kadima.

Cette sortie médiatique du président de la Ceni casse les propos du ministre des Finances, Nicolas Kazadi qui, au cours du briefing presse spécial sur l’état des finances publiques en 2022, tenu le 20 février 2023, avait pourtant affirmé que le Trésor public était même en avance de paiement des opérations de la CENI.

C’est ce jour-là que l’argentier national avait avoué devant la presse que son ministère avait cédé à la pression des médias, particulièrement sur les réseaux sociaux. Ce qui expliquerait le paiement en mode urgence et en espèces 100.000 dollars à la star congolaise des poids lourds, Martin Bakole, pour un combat… virtuel.

Décaissement tardif

Mais pour les travaux de modernisation du Stade des Martyrs, le ministre des Finances a trainé les pieds, le décaissement des fonds a pris énormément de temps. La suite, on la connait. Le plus grand temple du football congolais n’a pas été homologué, avec tous les désagréments que cela entraîne.

Si la non-homologation des stades congolais est source de beaucoup d’inquiétudes, a fortiori la non-organisation des élections dans les délais constitutionnels.

Et 2023 est une année électorale. Les prochaines élections présidentielle et législatives doivent constitutionnellement se tenir avant la fin du mois de décembre prochain, soit dans un tout petit peu 9 mois. Le bras de fer entre la Ceni et le gouvernement autour du financement des scrutins plonge le pays dans une sorte d’incertitude.

Denis Kadima affirme n’avoir rien reçu depuis septembre 2022

Si le président de la Commission électorale nationale indépendante se plaint publiquement, sur un plateau de télévision disant que depuis le mois de septembre 2022 il n’a rien reçu voudrait dire qu’il y a effectivement problème. Les propos de Denis Kadima mettent directement en cause le ministre des Finances, qui a récemment affirmé que le financement du processus électoral ne connaît aucun problème. Alors que le président de la Centrale électorale fait remarquer que le dernier décaissement des fonds remonte à septembre 2022.

Une telle situation empêche la Ceni de faire correctement son travail. «Nous sommes carrément en cessation de paiement. Et nous disons que certainement, le gouvernement a des difficultés. Nous savons que nous sommes sur sa liste des priorités et que d’un moment à un autre, on aura l’argent. Mais ça commence à nous poser de sérieuses difficultés», a souligné Denis Kadima.

«Pour le moment, par exemple, les fonds que nous avons reçus pour les scrutins, nous les avons épuisés pour l’enrôlement des électeurs», a-t-il ajouté, précisant qu’il y a «beaucoup d’activités qui sont en difficulté».

Face à cette situation, des Congolais s’interrogent : «Devons-nous continuer à critiquer le Bureau de la Ceni et son président » ? Denis Kadima a beau être un expert électoral, que peut-il faire sans moyens ? Cela ressemble à un véhicule sans carburant.

L’opposition pousse pour le respect du délai constitutionnel

Pendant ce temps, l’opposition pousse pour le respect du délai constitutionnel. Martin Fayulu, candidat à la présidentielle investi par son parti, a affirmé lundi qu’il n’entend pas tolérer le glissement du calendrier électoral.

«Qu’il y ait élections ou pas, Félix Tshisekedi doit faire ses valises et partir le 23 janvier 2024», a-t-il prévenu.

Olivier Kamitatu, porte-parole du candidat Moïse Katumbi Chapwe a dit littéralement la même chose sur son compte tweeter.

Au regard des réactions des opposants, si l’argent venait à manquer pour organiser les élections, qui répondrait des désordres qui pourraient survenir ? Et l’image du pays dans tout ça ?

À neuf mois de la date prévue, le spectre d’un glissement semble loin d’être dissipé.

Mais à maintes reprises, Denis Kadima a affirmé que le glissement «n’était pas une option», tout en appelant aussi les différentes parties prenantes à «faire leur part», précisant que si les élections ne se tenaient pas dans les délais constitutionnels, «le gouvernement serait l’un des responsables majeurs de ce retard».

Les dernières élections ont été organisées avec près d’un milliard de dollars. Pour 2022, le budget proposé est de 640 millions, juste pour cette année.» Le gouvernement soutient avoir décaissé déjà près de 500 millions en faveur de la Ceni.

Didier KEBONGO
Forum des as

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