Le président Félix Tshisekedi a signé plusieurs ordonnances de nominations au sein de l’armée, de l’appareil judiciaire, mais également au sein de quelques structures publiques.Alors que le Chef de l’Etat congolais appelait à une accalmie entre son camp et celui de Joseph Kabila, qui sont en coalition difficile depuis plusieurs mois, les contours de ces nouvelles nominations soulèvent déjà des remous.

Plus de six heures. C’est le temps qui a été nécessaire à Tina Salama, la Porte-parole adjointe du président Félix Tshisekedi, pour venir à bout du pli d’ordonnances portant nominations au niveau de l’armée, des appareils judiciaires et autres structures étatiques ; qu’elle a lu à la télévision nationale. Si pour l’heure, ces multiples ordonnances n’ont encore été publiées publiquement, elles apportent néanmoins un lot de renseignements, notamment autour de la coalition au pouvoir entre le président congolais et son prédécesseur Joseph Kabila.

Il y a d’abord le fait que l’armée a été largement concernée par ces nominations. Et là, si le puissant général John Numbi, sous sanctions internationales, a été écarté, provoquant notamment la joie des diplomates américains, dont Tibor Nagy, secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique ; la désignation de son successeur, le général Gabriel Amisi Kumba, qui est également sous sanctions, a douché les américains et d’autres observateurs. Au pays, cette « promotion » du général dit « Tango Four » et les autres nominations autour notamment de la Maison militaire du Chef de l’Etat, sont perçues comme un fruit des concertations entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila.

En effet, plusieurs militaires promus sont des fidèles de Joseph Kabila, même si Félix Tshisekedi a réussi à placer quelques nouvelles têtes à des postes clés. Par ailleurs, alors que les deux coalitions traversent des vives crises depuis plusieurs semaines, le Chef de l’Etat congolais a appelé à l’accalmie, affirmant tenir à la coalition avec le Front Commun pour le Congo. « L’essentiel est de regarder d’abord les intérêts du pays, et je crois que les uns et les autres sont conscients de cette prise en compte. Donc nous allons finir par trouver des solutions. Ce que je peux vous assurez maintenant, c’est que nous n’allons pas vers une rupture de la coalition », a promis Félix Tshisekedi dans une invention devant la presse.

Le FCC rouspète, Tshisekedi souffle le chaud et le froid

Toutefois, si les propos du Chef de l’Etat, et notamment une partie de nominations au sein de l’armée, vont visiblement dans le sens de calmer les choses entre lui et la coalition de Kabila, les dessous de la situation semblent plutôt aller dans le sens opposé. En effet, il y a le fait que ces ordonnances ne sont pas passées par le Premier ministre Sylvestre Ilunkamba, issu de leurs rangs. Selon nos informations, elles ont été contre-signées par le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Gilbert Kankonde, issu du parti du président congolais.

À la présidence, des proches de Félix Tshisekedi affirment que cette situation intervient parce que le Premier ministre étant « empêché », en déplacement dans la région du Katanga. « Le VPM Kankonde a signé en toute légalité, assurant l’intérim du Premier ministre », explique un Conseiller du président à POLITICO.CD. Ce qu’un député élu du FCC contredit : « Il n’y avait pas d’intérim. Le Premier ministre n’a pas quitté le pays et n’a posé aucun acte pouvant donner lieu à un intérim », dit-il.

Mais la polémique va beaucoup plus loin. Car au-delà de l’armée et malgré ses appels à l’accalmie, Félix Tshisekedi a procédé à la nomination de 3 nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, poursuivant ainsi son bras de fer avec le camp de Joseph Kabila, qui conteste d’abord le départ du président de la Cour, le juge Bénoit Lwamba, mais également ces nouvelles nominations des juges. « Ces nominations ne sont pas de nature à apporter la paix au sein de notre coalition. Elles sont faites de manière cavalière, en plus d’être illégales. La constitution stipule que la Cour constitutionnelle ne peut connaître de nomination venant du Président de la République qu’après 3 ans. Or, le président Kabila avait déjà nommé 3 juges en juillet 2018. Et donc, il n’y avait ni opportunité, ni légalité pour nommer des nouveaux juge », explique un député du PPRD qui a requis l’anonymat.

Depuis le début de son mandat, le président Félix Tshisekedi a souvent multiplié des déclarations contradictoires sur sa coalition avec Joseph Kabila. Lors d’une tournée aux Etats-Unis, il avait promis de « déboulonner le système dictatorial de Kabila », avant de venir changer de direction plus tard. Toutefois, à en croire ses proches, ces contractions pourraient découler d’une vraie stratégie qui consiste à trouver des moyens possibles pour se défaire du FCC.

Politico

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