Le 14 janvier 2019, Félix Tshisekedi succédait à Joseph Kabila. Trois ans plus tard, cette alternance au sommet du pouvoir n’a pas amélioré le sort des Congolais. Regard sur les dépenses étonnantes du régime “tshisekediste”.


Trois ans. Trois ans déjà que Félix Tshisekedi a été déposé sur le trône de la présidence de la République démocratique du Congo (RDC) à la suite d’un accord conclu avec son prédécesseur Joseph Kabila.

Personne n’a perdu de vue ce scrutin présidentiel et législatif surréaliste du 30 décembre 2018 qui – “officiellement” – a vu la population congolaise voter massivement pour Félix Tshisekedi à la présidentielle et les listes des candidats kabilistes aux législatives. Un résultat qui démontrait soit la finesse de l’analyse politique de l’électeur congolais, soit la supercherie mise sur pied par le pouvoir de Kinshasa en concertation étroite avec la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en place à Kinshasa pour céder la présidence au nom d’une alternance souhaitée par tout un pays et exigée par la communauté internationale tout en conservant les leviers du pouvoir exécutif et législatif.

Enfin seul

Un attelage bancal entre deux clans ennemis qui a tenu deux ans avant que le président de la République ne parvienne à renverser la majorité congolaise à coups de billets verts. Une révolution tranquille au gré de la distribution d’enveloppes et même de rutilants véhicules distribués à tous les élus nationaux.

Depuis un an, Félix Tshisekedi est donc seul à la manœuvre, il ne peut plus rejeter les errances de la politique nationale sur les épaules d‘encombrants alliés. Il dispose d’une large majorité parlementaire (suite au ralliement de près de 300 élus sur les 500 que compte l’Assemblée nationale et sans repasser par les urnes), de la présidence du Sénat et de l’Assemblée nationale et d’un gouvernement national taillable et corvéable à merci.

Résultat de cette révolution de palais pour la population congolaise ? Le même et désespérant constat d’un immobilisme total à tous les étages de l’État.

Aucun plan concret n’a permis jusqu’ici un quelconque sursaut de l’économie congolaise, toujours largement dépendante des investissements étrangers (qui ne sont pas légion) dans le secteur d’extraction des matières premières sans que cela ait le moindre impact sur le quotidien des Congolais.

Félix Tshisekedi, qui lorgne déjà un second mandat qu’il briguera lors des élections de fin 2023, n’a cessé de multiplier les voyages aux quatre coins du monde (plus de 100voyages en trois ans) en brandissant le drapeau de la quête de nouveaux investisseurs. Lors de son dernier discours à la nation, en décembre dernier, il lançait ainsi : “Je me suis rendu au cours de cette année successivement dans plusieurs pays du Moyen et du Proche-Orient ainsi qu’en Asie mineure (!), avec la ferme volonté de permettre au peuple congolais d’en retirer de substantiels dividendes dans les meilleurs délais.”Et Félix Tshisekedi continuait en expliquant que les performances économiques de la République démocratique du Congo sont “les résultats tangibles de [son] intense action diplomatique” avant de prévenir que “cette mobilisation des ressources extérieures devra se poursuivre l’année prochaine”.

Le Président et ses délégations aussi pléthoriques qu’onéreuses (voir ci-contre) devraient donc continuer à parcourir le monde, à loger dans les plus grands hôtels… pour le bien du peuple congolais. Mais pas le moindre chiffre, pas la moindre estimation dans ce discours des retombées chiffrées de ces voyages. Il faut se plonger dans le rapport des Nations unies sur l’attractivité des investissements dans le monde publié en 2021 pour découvrir que la RDC a attiré 1,6 milliard d’investissements étrangers en 2020, peu liés aux voyages présidentiels.

Préparer sa réélection

Des chiffres et un constat qui n’effraient nullement Félix Tshisekedi qui, à la fin de ce mois de janvier, termine tant bien que mal son année de présidence à la tête de l’Union africaine sur un bilan aussi famélique.

Mais ce qui préoccupe désormais surtout le chef de l’État congolais, c’est sa réélection en 2023. Sur ce plan, il peut se targuer de signer une approche quasi sans faute. Le Président a d’abord mis en place la redistribution des membres à la Cour constitutionnelle, avant d’imposer son président de la Ceni, le tout en contravention parfaite avec les lois et les règles pourtant en vigueur en RDC. Il vient aussi en ce début d’année de placer un de ses anciens conseillers (Thotho Mabiku) à la tête du secrétariat de la Ceni. Il a donc cadenassé tous les étages de l’organisation du scrutin jusqu’à sa validation avec la complicité d’une classe politique peu soucieuse du respect des normes qu’elle est pourtant censée protéger.

La libre Afrique

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