Ça s’annonce très électrique. À 500 jours de la présidentielle, la tension et l’intolérance enflent. Tshisekedistes à la défensive, presque seuls contre tous. Et cette opposition redoutable qui se tisse et se raffine.

Analyse. Les insultes, les attaques personnelles, les scènes de calomnie et cette méfiance qui se généralise chez les uns comme chez les autres. Les couleurs politiques montrent les tendances et les préférences des votes longtemps avant le rendez-vous de la prochaine élection présidentielle. A ce décor se greffe une intense fumée de tribalisme basé sur les langues régionales du pays. Bangala, Baswahili, Baluba, Bakongo. La locomotive RDC s’avance dangereusement vers une zone de turbulences à haut risque. Peu à peu, les provinces se déchirent politiquement, à l’image des dernières élections des gouverneurs. Les services publics, les entreprises et les grandes firmes nationales n’inspirent plus personne puisqu’à la solde des plus grands décideurs de l’État. Se joint à ce décryptage sociétal, le niveau inadmissible du coût de la vie du Congolais qui ne se commente plus. On se regarde dans les yeux et on se tait. Pendant ce temps, des lascars sans vergogne se font la fête. Ils sont dans les belles terrasses, les meilleurs hôtels et de tous les pique-niques sans jamais se soucier de la situation des voisins d’à côté. Une phonétique des bruitages inaudibles que vivent des millions de Congolais. Une déconfiture qui a atteint le niveau du désespoir.

Tous les candidats potentiels pris pour cibles

Si Vital Kamerhe a été affaibli par la longueur de la procédure judiciaire et les péripéties du procès qui l’incrimine dans l’affaire 100 jours, bien de surprises sont à mettre à l’agenda de la République dans les prochains mois. Jean-Marc Kabund-A-Kabund pourrait aussi s’annoncer dans la course avec ou sans l’aval de Félix Tshisekedi. Sera-t-il, lui aussi, la cible des forces politiques de la majorité, se demande un observateur. L’épopée Matata, la saga anti-Katumbi ou encore la campagne de salissure qui n’arrête pas contre Joseph Kabila sont des ingrédients du climat politique délétère qui se cristallise dans le pays. Bien que Martin Fayulu n’ait pas été personnellement ciblé sur les mêmes astuces, il est régulièrement empêché de manifester. La Tshangu lui est presqu’interdite pour ses processions et meetings populaires. De la PAJ de l’Assemblée nationale est attendue une option définitive au sujet de la manœuvre anti-Katumbi sur la fameuse Congolité tout autant que ce que sera le comportement de la nouvelle Cour constitutionnelle au sujet de l’affaire Bukanga-Lonzo qui liste quasi théâtralement Matata Ponyo. Des intelligences travailleraient à la manipulation des textes légaux afin de supprimer le droit au retour de Joseph Kabila Kabange. Un quiproquo qui lèse le PPRD.

La guerre de l’Est et son impact sur 2023

Il n’y a pas que les forces de défense et de sécurité qui ressentent la crise économique au pays. Les nombreuses populations de l’Est qui endurent d’incroyables sauvageries évaluent les dirigeants actuels (Union sacrée) à leur capacité de succès ou d’échec dans la gestion de la guerre dans toute la partie orientale de la République. Débat sur l’opportunité du maintien ou de la levée de l’État de siège, urgence de nettoyage et de réforme des deux grands corps (police et armée), revisitation de la vision de résolution paisible de la crise sécuritaire avec l’implication des États voisins, problématique des groupes armés etc. La logique de la centaine de groupes armés actifs dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et de l’Ituri notamment, indique que chaque groupe correspond à une ethnie locale dont il se fait protecteur (sentinelle) potentiel. Ceci suppose que cette nébuleuse a un soubassement géopolitique à prendre au sérieux. L’écrasement de certains groupes armés supposément inoffensifs au moment où des menaces de déstabilisation du pays à partir de l’étranger se précisent, n’est pas bien perçu dans certains milieux des notables de l’Est. Certes, les forces armées doivent traquer les réseaux terroristes. Mais à ce niveau, certains notables encourageraient une mutualisation des efforts nationaux plutôt que le recours à des forces étrangères. Si cette énigme sécuritaire n’est pas contenue, il sera impensable que l’actuel régime rafle de brillants scores électoraux en 2023 dans cette immense région du pays.

Une rencontre des leaders s’impose autour de Tshisekedi

D’après un ecclésiastique (catholique), une concertation au sommet aiderait à résoudre efficacement la crise politique récurrente en République démocratique du Congo avant la tenue de élections générales de 2023. Il évoque à cet effet un format efficace qui mettrait autour de la table cinq leaders de référence. Joseph Kabila Kabange, ancien président de la République, originaire du grand Katanga, Martin Fayulu Madidi du grand Bandundu, Jean-Pierre Bemba Gombo du grand Équateur et Félix Tshisekedi du grand Kasaï. Kabila pourrait travailler à l’apaisement de Matata Ponyo ; Moïse Katumbi Chapwe jouerait un grand rôle pour calmer les communautés locales et certains esprits surchauffés. Félix Tshisekedi stabiliserait efficacement toute la famille politique de l’Union sacrée avec Vital Kamerhe, Jean-Marc Kabund et Bahati Lukwebo ; Martin Fayulu équilibrerait les rapports avec les mouvements citoyens et les églises et Jean-Pierre Bemba Gombo rassemblerait tout le grand Équateur dans un objectif de promouvoir la tenue des élections apaisées dans un esprit de consensus national.

Landry Amisi
Ouragan

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