Le Directoire du parti présidentiel demande à ses élus à l’Assemblée nationale de considérer 2021 comme le début du bail de l’homme du 24 janvier 2019.

Y aurait-il des élections en République démocratique du Congo en 2023 ? Cette échéance semble de moins en moins préoccuper les ténors de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). N’envisageant pas encore la possibilité de tenir le scrutin dans le délai constitutionnel, le parti présidentiel prévoit plutôt de remettre le compteur à zéro. En témoigne la récente proposition du directoire de l’UDPS visant à considérer 2021 comme le début réel du mandat du président Félix Antoine Tshisekedi, comme souligné lors de la conférence de presse d’hier jeudi 11 mars à Kinshasa. Pavé dans la marre ou, tout simplement, ballon d’essai de l’UDPS ? L’on s’interroge, au regard de la reconfiguration du Parlement.

Au cours de cette conférence de presse, le directoire de l’UDPS avec, à sa tête, Victor Wakwenda, président de la Convention Démocratique du Parti (CDP) a proposé au groupe parlementaire UDPS d’initier une procédure au niveau du Parlement, en vue de légaliser le mandat du chef de l’Etat congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, à partir de l’investiture du gouvernement Sama Lukonde, encore en gestation, le compteur étant remis à zéro, après la destitution du Gouvernement de Sylvestre Ilunkamba.

TOURNER LA PAGE KABILA

« La procédure est avant tout parlementaire… Le peuple souverain a compris que les deux ans qu’on a fait perdre à Félix Tshisekedi, sont à verser au bilan négatif du frauduleux mandat de Joseph Kabila qui a, en quelque sorte, couru de 2016 jusqu’en 2021 On vient de mettre fin à ce règne. Le peuple, ayant compris cela, demande au parlement, qui a accepté de suivre la vision du président de la République, de couler cela en motion ou en loi pour légaliser sa mandature », a indiqué Victor Wankenda.

Du reste, pour une autre frange de militants du parti de la 11ème rue Limete, l’occasion s’avère propice pour le président Tshisekedi de récupérer tous les temps perdus dans la guéguerre FCC-CACH, qui a caractérisé ses deux premières années au pouvoir. Ces arguments sont une pilule amère dans le chef des anti-Tshisekedi qui ne jurent que par la tenue des élections dans les délais constitutionnels, c’est-à-dire en fin 2023.

RECUPERER LES TEMPS PERDUS

Le directoire de l’UDPS n’est pas la première instance à se prononcer dans le sens de la modification du chronogramme électoral. Le secrétaire général de ce parti a dernièrement clamé haut et fort que l’UDPS n’a pas peur des élections, mais que les scrutins devront se faire dans de bonnes conditions, en vue d’éviter les erreurs du passé. Augustin Kabuya estime, en effet, qu’on ne peut pas aller aux élections sans passer par l’identification de tous les Congolais.

Mais, ces velléités ne sont pas du goût de l’ensemble de la classe politique. Le tandem Muzito-Fayulu a déjà levé le ton pour dénoncer une volonté manifeste du président de la République de violer la constitution, en repoussant les élections de quelques années.

Cette position de l’UDPS est aussi rejetée par la société civile et l’Eglise catholique. Les princes de l’Eglise, réunis au sein de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), ont tiré la sonnette d’alarme pour que les élections se tiennent dans le délai prévu par la Constitution. Les organisations de la société civile insistent pour que ce délai constitutionnel ne soit pas dépassé.

UNE RENTREE PARLEMENTAIRE DETERMINANTE

Pour sa part, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a lancé les préparatifs de ces élections sur le plan technique. Elle a achevé le week-end dernier la formation d’une trentaine d’experts en logistique informatique. Selon le président de la Ceni, Corneille Nangaa, il est possible que le calendrier électoral soit respecté. Mais, il faut s’y prendre le plus tôt possible.

À côté de la préparation technique, il y a la question du cadre légal. La société civile demande des réformes. L’Église catholique, par exemple, insiste sur les changements portant notamment sur l’organisation et fonctionnement de la Céni. Corneille Nangaa temporise. Il insiste sur la préparation logistique. « Les questions politiques sont flexibles et les solutions peuvent rapidement être trouvées, alors que les questions techniques sont rigides ».

La rentrée parlementaire, prévue le 15 mars prochain, sera sans doute marquée par le débat sur cette question qui fait couler beaucoup d’encres et de salives.

Rocco NKANGA et Eric WEMBA
Forum des as

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