Vidiye Tshimanga, influent « ami » du chef de l’État congolais Félix Tshisekedi, a annoncé qu’il démissionnait de son poste de conseiller stratégique du président après avoir été piégé et filmé à son insu par de pseudo-investisseurs.

Les enregistrements sont accablants !

Vidiye Tshimanga, proche parmi les proches du président Tshisekedi, qu’il a rencontré lors de leurs années à Bruxelles et Paris (il affirme qu’il a financé la campagne présidentielle de son « ami » en 2018), a été filmé lors de plusieurs rencontres avec des pseudo-investisseurs prétendant représenter un conglomérat de Hong-Kong.

Lors de ces entretiens, dont des extraits ont été diffusés jeudi 15 septembre par le quotidien suisse Le Temps, l’homme explique en anglais sa grande proximité avec le président (« Si je demande [au président] quelque chose, il donne »… « Moi, c’est le président »… Lors d’un autre rendez-vous, il insiste : « Le président vient chez moi, nous dînons ensemble à la maison. Sa femme, c’est une bonne amie de ma femme. »

Lors des premiers échanges, il avait expliqué avec aplomb « si nous faisons des affaires ensemble, je prendrai mon pourcentage de l’investissement et je gagnerai de l’argent », avant d’expliquer les montages envisageables à travers une société commune dans laquelle il détiendrait des participations via des prête-noms (« mes enfants sont les actionnaires ») et des montages offshores.

Objectif ? Décrocher des licences d’exploitation minière, éviter la paperasserie aux investisseurs et « protéger » les investisseurs contre des fonctionnaires zélés. Vidiye Tshimanga qui aime rappeler régulièrement sa proximité avec Félix Tshisekedi, suggèrera même qu’il agit pour le compte du président.

Moins de 24 heures après la diffusion de ces vidéos par Le Temps – dont des journalistes ont rencontré M. Tshimanga – le conseiller, qui n’a jamais remis en cause l’authenticité des enregistrements et a tenté d’expliquer qu’il avait voulu piéger à son tour les investisseurs – a annoncé sa démission, évoquant son « obligation éthique » (!!!)

Il parle ensuite de faire la lumière sur ces « montages grossiers » et va même jusqu’à expliquer qu’il n’a « jamais cessé de défendre la vision » du président « quant à la lutte contre la corruption ainsi que les antivaleurs qui ont trop longtemps gangréné notre nation » (!!!) Avant d’ajouter, avec la même assurance, « à ce stade, la présente me paraît être la seule décision de dignité à prendre » (!!!).

Parallèlement à ce courrier, et sans la moindre référence au « dossier Tshimanga », la cellule communication de la présidence de la République s’est fendue d’un communiqué dans lequel, il est rappelé que « la lutte contre la corruption est un des piliers de l’action du Président de la République », ajoutant que « le président de la République a constamment fait montre de fermeté pour combattre ce fléau qui a appauvri notre pays depuis des décennies » avant de poursuivre : « La défense de l’intérêt général, le respect strict de la loi et la promotion de l’état de droit sont au coeur de la vision du président Tshisekedi ».

Le communiqué évoque ensuite « l’exigence de l’exemplarité de la part de chaque Congolais, à commencer par ceux qui dirigent le pays ». Sur le même ton presque martial, il conclut par un paragraphe sibyllin : « Toute personne, y compris au sein du cabinet du Président de la République, dont le comportement avéré aura enfreint la loi, la déontologie de sa fonction ou le règlement d’ordre intérieur du cabinet présidentiel, subira la rigueur de leurs effets ». (!!!)

Et maintenant, on fait quoi ?

Ce « dossier Tshimanga », qui survient, notamment, après celui des énormes émolument des élus de la nation, des frais gargantuesques pour la réfection de la résidence présidentielle du Mont Ngaliema ou les ponctions présidentielles lors de la visite du roi des Belges en juin dernier, résonne comme celui de trop dans un pays où les responsables semblent décidément intouchables.

La lutte contre la corruption apparaît de plus en plus comme un simple slogan électoral au moment où l’ancien directeur de cabinet du président, condamné pour corruption avant d’être blanchi « faute de preuve », a repris sereinement le chemin des meetings politiques dans l’est du pays sans que l’on ait retrouvé le moindre franc congolais disparu dans ce « dossier des 100 jours » pur lequel il fut condamné.

L’impunité pour la corruption se substitue à la lutte contre ce fléau, tandis que ceux qui osent tenter la réflexion ou la critique, quel que soit leur âge ou leur statut social, sont pourchassés comme de dangereux criminels.

Une lecture surprenante de l’état de droit.

La libre Afrique

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