Rien n’a été fait « à l’insu » du président congolais Félix Tshisekedi s’est défendu jeudi son directeur de cabinet et allié politique Vital Kamerhe, principal accusé d’un procès anti-corruption sans précédent. Commencée à 09h30 (10h30 HB), la quatrième audience-marathon se poursuivait à 20h00 après une brève suspension.

Accusé de détournement de fonds, incarcéré depuis début avril, M. Kamerhe a vu défiler à la barre sa femme, Hamida Shatur, et la fille de celle-ci, Soraya Mpiana, née d’un précédent mariage avec le célèbre chanteur congolais JB Mpiana.

Nommé en janvier 2019, M. Kamerhe, 61 ans, est poursuivi avec deux co-accusés pour le détournement présumé de 50 millions de dollars alloués à la construction de 1.500 maisons préfabriqués.

Ce marché faisait partie du « programme des 100 jours » du nouveau président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, investi le 24 janvier 2019, a-t-il rappelé à plusieurs reprises.

« Je ne peux pas prendre des responsabilités à l’insu du président de la République » s’est défendu M. Kamerhe.

« Le marché a été accordé sur instruction expresse du chef de l’Etat », a-t-il affirmé.

Kamerhe comparaît avec le bénéficiaire de ce marché, l’entrepreneur libanais Jammal Samih, 78 ans dont 52 au Congo.

Outre le dossier principal de détournement, M. Samih est aussi interrogé sur un cadeau qu’il aurait fait à la belle-fille de M. Kamerhe, Soraya, sous la forme d’un terrain immobilier au bord du fleuve Congo à Kinshasa. Tous deux affirment ne pas se connaître.

Pour sa part, Hamida Shatur a énuméré la liste des cadeaux de mariage lors de ses noces avec M. Kamerhe en février 2019: plus de 800.000 dollars, 33.000 euros, 10 millions de francs CFA (15.000 euros) et quatre voitures neuves.

« Je suis dans l’immobilier, j’ai un mari qui travaille, je gère un foyer, il gagne un salaire et des primes. Comment ne pas alimenter mon compte? « , a-t-elle lancé, mettant le tribunal au défi de trouver sur son compte « un transfert venant de je ne sais quelle planète ».

Lors de cette audience de plus de dix heures, le tribunal a aussi fait défiler les anciens ministres du Budget, des Finances et des Travaux publics, ainsi que le gouverneur de la Banque centrale du Congo.

Tous ont indiqué avoir agi sur instruction du directeur de cabinet Kamerhe.

Nommés sous l’ancien président Joseph Kabila, les ministres sont restés en poste jusqu’en septembre 2019, après le changement de président.

Investi en janvier 2019, M. Tshisekedi n’a en effet constitué son propre gouvernement qu’en septembre 2019, en coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila, qui contrôle toujours le parlement et les assemblées provinciales.

La libre Afrique

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