Il a été constaté une forte agitation du côté des avocats de la défense lorsque l’officier du ministère public et les avocats de la République Démocratique du Congo ont cité le nom de Hamida Shatur, l’épouse du prévenu Vital Kamerhe, parmi les « témoins » à comparaitre vraisemblablement lors de l’audience du 3 juin 2020 devant le Tribunal de Grande Instance de la Gombe, à la Prison Centrale de Makala.

Pourtant, la liste des « renseignants » est longue, avec notamment Nicolas Kazadi (Conseiller à la Présidence de la République), John Ntumba (ministre chargé de la Formation Professionnelle), Molendo Sakombi (ministre des Affaires Foncières), Deogratias Mutumbo (Gouverneur de la Banque Centrale du Congo), Ngongo Salumu Michel (Directeur général intérimaire de la Direction de Contrôle des Marchés Publics), Ngunda Muzumbu (Comptable principal à la Présidence de la République), Justin Bitakwira Bihona (ancien ministre du Développement Rural), Henri Yav Mulang (ancien ministre du Budget), Thomas Luhaka (ancien ministre des Infrastructures et Travaux Publics), Soraya Mpiana (Belle-fille de Vital Kamerhe), Daniel Nkingi Shangalume Massaro (Cousin de Vital Kamerhe), etc. A en croire le ministère public, cette liste pourrait davantage s’allonger au fil des audiences.

Pourquoi l’insertion du nom de Hamida Shatur sur la liste des témoins a-t-elle mis en état d’alerte maximale les avocats de Vital Kamerhe, les uns insinuant l’atteinte à l’honneur et à la dignité de leur client, les autres soutenant qu’à ce stade de l’instruction, rien ne justifierait sa présence à la barre ? L’un d’eux a même ironisé qu’à cette allure, on allait finir par citer aussi son domestique.

Sans préjuger de la suite du dossier, il nous parait utile de rappeler qu’hormis son statut actuel de « témoin », Hamida Shatur avait été interpellée et entendue, dans la phase de l’instruction pré-juridictionnelle au Parquet général près la Cour d’Appel de Matete, en sa qualité de bénéficiaire d’un marché de gré à gré passé dans le cadre du programme d’urgence des 100 jours du Chef de l’Etat, lequel portait sur une commande de sacs de ciment à hauteur de 1,5 million de dollars américains.

Un détournement des fonds publics à charge de l’intéressée et de sa fille ?

En clair, son témoignage est vivement attendu car elle devrait expliquer à quel titre et à quelles conditions elle était chargée de l’achat des sacs de ciment dans le cadre des travaux publics relatifs à la modernisation et à la réhabilitation des infrastructures de base en RDC.

Y-a-t-il vraiment matière à polémiquer dans un dossier où Hamida Shatur est épinglée comme « fournisseuse » à l’Etat congolais, dans le cadre de l’exécution d’un marché de gré à gré dont le chef d’orchestre se trouve être, comme par hasard, Vital Kamerhe, son époux ? Ne s’agit-il pas là d’un délit d’initié, d’autant que la traçabilité du fonds de 1,5 millions de dollars américains lui confié pose problème ?

Les avocats de la défense ignorent-ils qu’en plus de l’implication présumée de Hamida Shatur dans ce que le ministère public et les avocats de la partie civile considèrent comme un détournement des fonds publics à charge de l’intéressée, sa fille Soraya Mpiana, belle-fille de Vital Kamerhe, devrait également venir à la barre expliquer comment elle a pu bénéficier, de la part de Samih Jammal, co-prévenu du Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, d’une partie de sa concession valant plus d’un million de dollars américains, au quartier Basoko, dans la commune de Ngaliema? Cette libéralité suspecte ne mérite-elle pas un éclairage devant le Tribunal de Grande Instance de Gombe ?

A bien considérer les choses, Hamida Shatur ne devrait rien craindre, s’il est clairement établi qu’elle n’est concernée ni de près, ni de loin, par le dossier des détournements des fonds du programme des 100 jours du Chef de l’Etat. Mais, à la lumière du dossier de l’achat des ciments, on ne peut pas soutenir qu’elle est citée gratuitement.

Le Phare

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