Le 8 août dernier, peu avant 16 heures, l’annonce provoquait une onde de choc dans toute la République démocratique du Congo et bien au-delà. Joseph Kabila ne sera pas candidat à la présidentielle annoncée pour le 23 décembre.

La tension, particulièrement forte depuis plusieurs jours, voire semaines, retombe comme un soufflé. Son dauphin, Emmanuel Shadary Ramazani, ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ne convainc guère et sa présence sur la liste des personnalités sanctionnées par l’Union européenne ne rassure pas non plus. L’homme est notamment mis en cause pour les exactions commises au Kasaï (plus de 40 fosses communes découvertes), sa responsabilité est aussi pointée du doigt dans la répression des marches pacifiques des catholiques congolais en décembre 2017 et janvier 2018 lorsque les forces de l’ordre ont ouvert le feu à balles réelles au sein même des églises. Une dizaine de morts sont à déplorer.

Mais l’essentiel, ce 8 août, est l’annonce du retrait de Kabila. Le satisfecit est général. L’opposition politique, toujours malmenée en RDC, se félicite d’avoir arraché ce départ. Les chefs d’Etat voisins, qui craignaient une explosion de violence avec son lot de réfugiés en cas de tentative de passage en force du Président vers un troisième mandat, respirent. La communauté internationale, dans son ensemble, félicite Kabila pour son geste… posé près de deux ans après l’expiration de son second mandat.

Et après?

Dans la foulée de cette annonce, lors d’un sommet de la SADC (communauté de développement d’Afrique australe), à Windhoek, en Namibie, Joseph Kabila sera prié par ses collègues de faire un discours d’adieu. Le chef de l’Etat, qui n’a visiblement rien préparé, se lance dans une improvisation et annonce “ce n’est pas un adieu mais un au revoir”. Pas de quoi remettre en cause son départ, mais certains de ces voisins, Angola, Zambie et Afrique du Sud, en tête, ont compris que ce premier pas n’était pas suffisant pour aller vers une élection dont les résultats garantiraient la stabilité du pays et donc de la région.

Le président sud-africain va donc proposer les services de Thabo Mbeki, successeur de Mandela, comme envoyé spécial pour suivre l’avancement du processus électoral. Une proposition rejetée sans ménagement par Kinshasa qui rappelle que le pouvoir en place a déjà fermé la porte du pays au secrétaire général des Nations unies.

Dans la foulée, une semaine plus tard, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) invalide six des vingt-cinq candidats de la course à la présidentielle, dont Jean-Pierre Bemba, et trois anciens Premiers ministres (Gizenga, Muzito et Badibanga), sans oublier que Moïse Katumbi est toujours persona non grata en RDC.

La tension remonte d’un cran. L’Equateur, province de Bemba, le Bandundu de Gizenga et Muzito et le Katanga de Katumbi grognent. La Conférence épiscopale nationale du Congo, comme la communauté internationale, rappellent en chœur que l’accord de la Saint-Sylvestre, signé par l’opposition et la majorité en décembre 2016, a permis à Kabila de gagner deux ans alors que sa famille politique n’a rempli aucun des devoirs inscrits dans ce texte depuis lors. Les Etats-Unis, eux, se souviennent que la Ceni veut imposer des machines électroniques “peu sûres” pour le scrutin, alors que l’Union européenne remet en lumière les doutes qui pèsent sur un fichier électoral jugé largement “corrompu” par les experts de la francophonie. Le soufflé qui était retombé, vient de reprendre vigueur, tout reste donc à faire en RDC pour éviter le pire.

La libre Afrique

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