Ses dernières sorties depuis le 28 mars 2020, Zacharie Badiengila connu sous le pseudonyme « Ne Muanda Nsemi » – les justifie par une revendication claire : le versement de ses émoluments pendant qu’il était d’abord en prison, ensuite en cavale, cela au cours de la législature 2011-2016 prolongée jusqu’en 2019.

Pout rappel, l’alinéa 2 de l’article 103 de la Constitution dispose : « Le mandat de député national commence à la validation des pouvoirs par l’Assemblée nationale et expire à l’installation de la nouvelle Assemblée ». Pour rappel encore, le mandat de la chambre basse concernée va du 15 février 2012 au 28 janvier 2019. Soit 7 ans ou 84 mois moins un.

La question est de savoir si oui ou non, il a perçu ses émoluments. A la délégation de l’ONG « Solidarité pour le développement du Manianga » (Sodema en sigle) l’ayant approché le jeudi 16 avril 2020 pour s’informer, à la source, des causes des manifestations sanglantes qui se produisent au Kongo Central, il dit exactement ceci : « Qu’on me paie les arriérés de mes émoluments des deux ans et je vais calmer le jeu en donnant l’ordre à mes hommes de cesser de manifester. Sinon, je ne laisserai pas tomber. Comment payer au sénateur Jean-Pierre Bemba ses arriérés d’émoluments et refuser de me payer les miens, moi député national. Je n’ai que des devoirs et non des droits ? ».

D’emblée, l’allusion à Jean-Pierre Bemba est déplacée. Bemba était à l’époque sénateur. C’est la Chambre haute, présidée par Léon Kengo, qui avait levé l’option de lui verser ses émoluments tout le temps de sa détention à la Cpi. Quand bien même les Chambres basse et haute forment l’Institution « Parlement » (article 68 de la Constitution), elles n’ont cependant pas le même Règlement intérieur, ni le même modus operandi ou le même modus vivendi. Chacune a ses « us et coutumes ».

Lire aussi: Urgent: la police se déploie aux alentours de la résidence de Ne Muanda Nsemi à Kinshasa

Ceci dit, Ne Muanda Nsemi a bien cadré sa revendication : perception de ses émoluments.

Et voilà que le 17 avril 2020, Me Serge Mayamba, alors son collègue député national, réagit avec une déclaration, quoi ?, une révélation dérangeante. Au média en ligne Scooprdc.net, il dit : « Ce que Ne Muanda Nsemi réclame maintenant n’est pas exact. Et même si c’était le cas, quand on réclame ses émoluments, on va au Palais du peuple où l’Assemblée nationale a une administration. On ne réclame pas ses émoluments en chassant les baluba, les Bangala et les autres de la province du Kongo central. S’il a des réclamations, il doit les orienter autrement ». Mais, surtout, il largue ce passage assassin : « Parler des émoluments non payés, c’est faux parce qu’il les percevait à travers moi ».

S’agissant d’indemnités de sortie, l’avocat précise : «…il avait opté, à l’instar de beaucoup de députés, pour une Nissan Hard Body que l’honorable Papy Mantezolo avait retirée auprès de la société Congo Motors. Et ce véhicule était remis aux bons soins de son épouse par Mantezolo à ma présence».

C’est ce dernier qui va éclairer l’opinion sur cette affaire de procuration. « Lorsque l’honorable Ne Muanda Nsemi a été arrêté à Makala », déclare-t-il en citant Zacharie Badiengila, « il a fait une procuration en faveur de Me Serge Mayamba, à cette époque-là député national, qui récupérait les émoluments à son nom. Et donc, 18 mois après, nous sommes intervenus auprès du comité des sages pour que Serge Mayamba puisse donner une partie de ces émoluments à la famille de Ne Muanda Nsemi qui faisait des bruits et le comité des sages a écouté notre requête et à partir du 19ième mois, la famille de Ne Muanda Nsemi a bénéficié de 50% de ses émoluments ».

Lire aussi: « Ne Muanda Nsemi est un citoyen en détresse » (Olenghankoy)

On est ici devant un cas plutôt de moralité que de politique n’ayant rien à voir avec la reconstitution du royaume Kongo ou l’autonomie de la province, l’épuration ethnique ou la marginalisation du peuple Kongo, ou la perception à la source des 40 % des recettes budgétaires, comme le suggestionnent les pro-balkanisation tapis dans l’ombre de certains leaders « indépendantistes ».

On est face à un député national honoraire en train de mettre dans la rue son organisation paramilitaire (dont l’existence est interdite dans la Constitution) parce qu’il veut couvrir la contestation de la procuration librement délivrée à son collègue député honoraire, de surcroît avocat de profession, un « leader » déterminé à faire passer Me Serge Mayamba pour usurpateur et sa famille pour escroc.

Pourtant, cet homme connaît le chemin par lequel il doit passer pour confondre l’un et l’autre : soit se rendre à la Questure de l’Assemblée nationale, soit porter plainte à leur charge.

Ignorer ce chemin est susceptible de lui faire perdre raison. Voire la raison.

Rien ne justifie dans le chef de la communauté avertie de perdre, elle aussi, raison. Et la raison.

Lire aussi: URGENT : Ne Muanda Nsemi s’autoproclame Président de la République

La Prospérité

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici