Les institutions provinciales de la République démocratique du Congo sont en ébullition. Les exécutifs provinciaux au Kasaï Central, Haut-Lomami, Sankuru et en Ituri sont dans le viseur de leurs assemblées respectives. Avec à la clef des motions de défiance. La gestion saine et sereine des provinces s’en ressent. Vendredi dernier, le chef de l’Etat a, au cours du Conseil des ministres, choisi la voie de la sagesse, en déjouant les élans belliqueux de l’UDPS et du PPRD.

Moins d’une année après leur installation, c’est déjà la brouille entre les assemblées provinciales et leurs exécutifs respectifs.

Le Haut-Lomami a été le premier à inaugurer le bal, avant que le Kasaï Central et l’Ituri ne lui emboitent le pas. Dans le Sud-Kivu où trône toujours un gouverneur AFDC/A de Modeste Bahati qui a refusé de faire allégeance au FCC de Joseph Kabila, c’est le calme relatif. Dans le Kongo Central, la mise à l’écart d’Atou Matubuana de l’exécutif provincial, après sa mise en cause dans la sextape impliquant son vice-gouverneur, a jeté un froid dans les institutions provinciales. Bref, les provinces – en tout cas une bonne partie – vont mal.

Le forcing réalisé dernièrement à Bunia par les députés provinciaux de l’Ituri a révélé au grand jour le drame qui mine les institutions provinciales de la RDC.

Au cours d’une plénière atypique tenue hors des installations de l’assemblée provinciale, les députés provinciaux ont voté majoritairement pour la destitution de Jean Bamanisa, gouverneur de la province. Depuis lors, c’est la confusion qui a gagné la province – le président de l’assemblée provinciale de l’Ituri et le gouverneur ayant depuis lors été convoqués à Kinshasa pour des consultations.

Vendredi dernier, le président de la République a soulevé le problème au cours du Conseil des ministres. Félix Tshisekedi ne cache pas ses inquiétudes. Il craint que les provinces ne sombrent dans l’arbitraire. Le chef de l’Etat attend donc prendre le taureau par les cornes pour ramener le calme dans les provinces en difficulté.

A en croire le compte rendu Conseil des ministres (voir encadré), lu vendredi sur les antennes de la télévision nationale, « le chef de l’Etat a déploré cette situation qui n’est pas de nature à faire rayonner une belle image de notre pays à l’extérieur ». Félix Tshisekedi a saisi cette occasion pour « recommander au gouvernement de prendre des mesures pour éviter que les assemblées provinciales deviennent des lieux de manipulation et de règlement de compte ».

Par la même occasion, le chef de l’Etat a rappelé au gouvernement l’urgence de « libérer régulièrement les frais de fonctionnement et les rémunérations revenant aux différentes provinces », tout en préconisant des réformes « en vue de la stabilisation de nos institutions provinciales ».

Pris à contre-pied

Les fossoyeurs de la RDC, qui s’attendaient à ce que le chef de l’Etat laisse pourrir la situation dans les provinces, où le FCC règne en maitre, se sont mordu la langue. En lieu et place, Fatshi a court-circuité toutes les imprécations en optant pour la voie de la sagesse. Il a appelé le gouvernement central à tout mettre en œuvre pour la stabilisation des institutions provinciales.

A la lecture du dernier compte-rendu du gouvernement, on se rend bien compte que la pomme de discorde entre les assemblées provinciales et les exécutifs provinciaux dans les provinces en ébullition est visiblement d’ordre financier. Aussi le président de la République a-t-il instruit le gouvernement de faire diligence pour « libérer régulièrement » des fonds destinés aux provinces.

Evidemment, le chef de l’Etat pouvait en toute latitude activer le mécanisme prévu à l’article 197 de la Constitution qui stipule que « lorsqu’une crise politique grave et persistante menace d’interrompre le fonctionnement régulier des institutions provinciales, le président de la République peut, par une ordonnance délibérée en Conseil des ministres et après concertation avec les bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, dissoudre l’assemblée provinciale…». On n’en est pas encore à ce cas de figure. Pour le moment, Félix Tshisekedi joue la carte de l’apaisement. Une bonne option appréciée par d’aucuns qui estiment que dans le contexte particulièrement surchauffé, les décisions coupe-gorge ne s’y prêteraient pas.

Les deux principaux partenaires de la coalition FCC – CACH, en l’occurrence l’UDPS et le PPRD, n’attendaient que l’occasion de mettre le feu à la baraque. Félix Tshisekedi n’a pas cédé à cette tentation.

Pourtant, avec des provinces essentiellement dominées par le FCC, le chef de l’Etat pouvait laisser la situation se détériorer pour en titrer un quelconque dividende politique. Il ne s’inscrit pas dans ce registre. Son souci est de ramener le plus vite possible le calme dans les provinces en difficulté.

Le PPRD et l’UDPS qui espéraient se faufiler dans cette brèche pour se régler des comptes doivent déchanter. Sagement, Félix Tshisekedi a déjoué leur plan.

Le Potentiel

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