L’entrepreneur, homme d’affaires et acteur politique Congolais Seth Kikuni a, dans une interview accordée à la presse mercredi 27 novembre dernier à Kinshasa, dénoncé et condamné les tueries des civils à Beni (Nord-Kivu) mises à l’actif des présumés rebelles de l’ADF.
Pour cet opposant Congolais, seules les armes ne suffisent pas pour mettre fin définitivement à ces séries des massacres.
« Une guerre ne se gagne pas seulement avec les armes, il faut aussi une mobilisation nationale pour gagner une guerre. C’est quoi la mobilisation nationale ? C’est convaincre l’opinion nationale et internationale qu’il y a un problème et que les gens qui meurent là-bas sont nos frères et sœurs », a dit Seth Kikuni.
En outre, le candidat à la présidentielle du 30 décembre 2018 déplore le fait que les civils qui meurent dans la partie Est de la République Démocratique du Congo ne sont pas identifiés.
« Aujourd’hui, si je vous pose même à vous la question de savoir quels sont les noms des victimes, des personnes que nous perdons à Beni, vous ne serez pas en mesure de le dire. C’est comme si ce ne sont pas des humains. Des chaînes nationales comme privées devaient en faire un problème national. Quand les gens meurent on doit avoir leurs identités, leurs parcours, qui sont-ils ? On devait avoir tous ces détails », a-t-il martelé.
Seth Kikuni affirme que cela doit être considéré de la même manière pour les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, (FARDC).
« Quand nous parlons de la motivation c’est pas seulement payer les militaires. Un militaire lorsqu’il va au front il doit savoir qu’il va là-bas pour la Nation. Quand un militaire meurt il faut faire de lui un martyr. Ils seront beaucoup plus motivés et sauront qu’ils ne se battent pas en vain…on ne connait pas les noms des militaires qui meurent là-bas. Malheureusement depuis que la guerre a commencé, on ne peut citer que deux ou trois noms à l’instar de Mamadou Ndala », renchérit-il.
Dans la foulée, Seth Kikuni estime que la RD Congo ne peut pas avoir une politique étrangère basée sur zéro problème avec les pays voisins.
« Il faut d’autres méthodes, d’autres approches pour mettre fin à cette crise là. Et le président [Félix Tshisekedi ndlr] ne semble pas vouloir mettre en pratique toutes ces autres options et c’est dangereux. On ne peut pas avoir une politique étrangère zéro problème surtout à l’Est. Le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda jusque-là, n’ont pas encore fait preuve de bonne foi pour montrer que nous sommes des pays amis ou frères », conclut Seth Kikuni.
Depuis quelques semaines, la recrudescence de l’insécurité à Beni caractérisée par le massacre des civils par des présumés rebelles de l’ADF, est à la base de plusieurs mouvements de protestation populaire.
Cependant, l’armée a déclaré mercredi dernier que les opérations de traque des rebelles de l’ADF se déroulent de manière excellente étant donné « qu’elle a déjà conquis plusieurs bastions rebelles ».
Jephté Kitsita
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