Déjà bénéficiaire depuis le 6 décembre 2021 d’une mesure de liberté provisoire, Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, est désormais autorisé à quitter le pays. Il s’est envolé lundi dans la soirée vers l’Europe. Selon Billy Kambale, secrétaire général de l’UNC, son parti, c’est pour des raisons sanitaires. Vital Kamerhe a été condamné pour détournement de fonds publics à 13 ans de prison.

C’est un sujet sensible. Aucune source ne veut en parler ouvertement, son entourage craignant que tout soit annulé à la dernière minute.

Au sein de son parti politique et de sa famille, tous sont convaincus que l’ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi a encore beaucoup d’adversaires. « Nous ne voulons pas prêter le flanc à ceux qui veulent l’enfoncer davantage. Nous voulons protéger notre chef », a dit à RFI un de ses proches collaborateurs.

L’opération d’évacuation a été soigneusement et discrètement menée. On sait tout de même qu’il s’est rendu en Europe, mais la destination finale a été soigneusement gardée secrète, pour l’instant.

Selon les sources de son parti, trois personnes l’accompagnent : son secrétaire particulier, son épouse et son médecin.

De quoi souffre-t-il ? Ses proches disent qu’il se plaint de problèmes respiratoires depuis plusieurs mois. Déjà avant sa libération provisoire, Vital Kamerhe n’était plus détenu dans sa cellule de la prison centrale de Makala. Il était interné dans un centre médical de la capitale.

À ce stade, aucune date de retour n’a été communiquée. Son entourage précise que l’autorisation de sortie qui lui a été accordée ne mentionne pas ce détail.

Recommandation médicale

Ses proches expliquent que ce séjour à l’étranger est une recommandation médicale, rien de plus. Il ne serait pas motivé par la peur de la justice ou du régime en place, expliquent-ils.

Politiquement, Vital Kamerhe se considère toujours comme un allié de Félix Tshisekedi. Ses relations avec le président de la République se seraient d’ailleurs davantage améliorées ces derniers mois tout comme le rapprochement entre l’UNC et l’UDPS, leurs partis respectifs.

« Nous sommes en politique, il n’y a pas de place pour la rancoeur. Nous avons reçu des coups. Il faut maintenant avancer », a confié laconiquement à RFI un de ses proches collaborateurs.

Les autres priorités

Aujourd’hui, à part sa santé, la priorité de Vital Kamerhe est de parvenir à obtenir un acquittement en cassation, après un procès qu’il considère toujours comme politique.

Son autre chantier concerne l’Union pour la nation congolaise (UNC), son parti. Le directoire a été changé. Un nouveau secrétaire général plus jeune a été nommé en juin dernier pour adapter le parti aux enjeux de l’heure et au profil des nouveaux militants.

« Nous travaillons sur notre parti. C’est la clé de notre positionnement les élections de 2023 », a ajouté un autre cadre de l’UNC. A un an des élections générales, tout est scruté. Vital Kamerhe avance prudemment vers cette échéance et calcule toutes les sorties médiatiques de ses lieutenants.

Son co-accusé toujours en détention

L’un de ses co-accusés, l’homme d’affaires d’origine libanaise Samih Jammal, plus de 80 ans, est lui toujours incarcéré. En appel, il a été condamné à 6 ans de détention. Selon son avocat, il se trouve dans un centre médicalisé dépendant de la prison de Makala, dans un état préoccupant. Maitre Jamal Taleb, avocat au barreau de Paris, explique avoir demandé une remise en liberté provisoire pour son client, et ne pas comprendre cette différence de traitement.

Nous nous réjouissons de la possibilité offerte à monsieur Kamerhe de pouvoir se soigner à l’étranger, en revanche nous ne comprenons absolument pas la décision de la cour de cassation, les décisions prises par les gouvernements successifs et l’insensibilité qu’ils ont tous par rapport à la situation hautement dangereuse, inquiétante et grave de notre client.

RFI

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