Condamné en appel à 13 ans de prison pour détournement de fonds publics dans le cadre du dossier de la construction de maisons préfabriquées lors du programme des « cent jours », l’ex-directeur du cabinet de Félix Tshisekedi, qui est aussi le président de l’UNC, a bénéficié ce lundi 6 décembre d’une mesure de mise en liberté provisoire de la part de la Cour de cassation.

Cette décision prendra effet dès le versement d’une caution de 500.000 US dollars.

Pour les observateurs de la vie politique RD congolaise, elle est loin d’être une surprise tant les rumeurs sur une possible libération de Vital Kamerhe, qui ont couru dès le lendemain de la confirmation de sa condamnation par la Cour d’appel, allaient bon train. Restait simplement à savoir quand et sous quelle forme.

Ce lundi 6 novembre, il a donc été mis fin à un faux suspense.

Pour Félix Tshisekedi, la situation semble idéale. Sur le papier du moins. Premier point, Vital Kamerhe n’est plus en prison, ce qui est de nature à contenter les militants de l’UNC, formation politique dont le poids est loin d’être négligeable dans une partie de l’Est du pays (au Sud-Kivu en particulier), là où se trouve les principaux réservoirs de voix et là précisément où M. Tshisekedi est le plus faible. Or, M.Tshisekedi, qui brigue un second mandat et qui s’est brouillé avec Joseph Kabila, puis Moïse Katumbi, a cruellement besoin d’alliés. D’où sa stratégie consistant à s’allier à l’ouest à Jean-Pierre Bemba en satisfaisant ses prétentions juridico-financières (dossier RVA…) et tenter de s’arrimer à l’Est à l’UNC, Tshisekedi préférant de loin une alliance avec Vital Kamerhe plutôt qu’avec Bahati Lukwebo qu’il juge en privé trop faible à Bukavu et dans le reste du Sud-Kivu.

Dans le même temps, c’est le second point, Vital Kamerhe reste inéligible suite à la décision de première instance, confirmée en appel. Or, en vertu de l’accord dit de Nairobi conclu avec Félix Tshisekedi fin 2018, c’est lui qui aurait dû succéder à M. Tshisekedi comme candidat du Cach, la coalition UDPS-UNC, lors de la présidentielle prévue en 2023. Kamerhe inéligible, plus aucun obstacle ne se dresse devant une candidature de Tshisekedi à un second mandant présidentiel. Celui-ci l’a d’ailleurs annoncé dès juin dernier dans une interview à Jeune Afrique.

Enfin, troisième point, le fait que Vital Kamerhe ait été libéré sur la base d’une décision de justice et non du fait d’une grâce présidentielle lui permet de parer les éventuelles critiques sur son manque de sincérité dans la lutte contre la corruption en RDC, notamment à l’international et en particulier aux Etats-Unis. Alors que Peter Phan, l’ex-envoyé spécial dans la région du président américain et Mike Hammer, l’ambassadeur des Etats-Unis en RDC, avaient applaudi la justice congolaise au moment du procès des 100 jours, il n’est pas sûr qu’il se réjouisse de la même manière à l’idée de voir des personnes, quelles qu’elles soient, condamnées pour des détournements de fonds publics et corruption, être libérées. D’autant que personne n’est dupe. En RDC, la justice est loin d’être indépendante. Vital Kamerhe n’aurait jamais pu bénéficier d’une mesure de liberté (il a d’ailleurs ces derniers mois multiplié les recours en ce sens sans succès), si le pouvoir en place si était opposé.

Reste maintenant à voir quelle sera l’attitude de Vital Kamerhe, homme politique madré, connu pour ses contre-pieds. Il n’est pas sûr qu’une fois dehors, nonobstant les deux épées de Damoclès qui planent sur sa tête (la liberté provisoire qui peut être retirée et la caution qui peut ne pas être restituée), il se précipite à nouveau dans les bras de Félix Tshisekedi. À en juger par la réaction plus que timorée de l’intéressé et de ses partisans lundi soir, on serait prêt à parier le contraire.

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