« J’en appelle au Gouvernement à faire preuve de sursaut d’orgueil et à honorer l’impératif du respect des droits humains », souligne le Premier ministre honoraire.
C’est un Samy Badibanga consterné, qui a réagi à la décision du Gouvernement congolais de décliner sa participation à la conférence des donateurs prévue à Genève le 13 avril 2017. Ce député et Premier ministre honoraire a été le héraut de cette grand-messe humanitaire en faveur des millions de congolais. A la manœuvre pour cette grande cause, Samy Badibanga avait sollicité et obtenu l’implication de deux chefs religieux parmi les plus en vue en RD Congo. En l’occurrence le primat de l’église catholique, le cardinal Monsengwo et le président de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), le pasteur Bokundoa. Ainsi naquit la coordination « L’Espoir ».
Son carnet d’adresses en bandoulière, l’ancien Premier ministre congolais a entrepris de convaincre le nec plus ultra de la Communauté internationale (Nations-Unies, Union européenne, Ong…) pour l’organisation de la conférence des donateurs. Pari gagné. Avec à la clé 1,7 milliard USD comme montant à mobiliser au titre du Plan de Réponse Humanitaire des Nations-Unies pour le Congo. Compte tenu de l’urgence et de l’ampleur de la catastrophe humanitaire, Samy Badibanga exhorte le Gouvernement à revenir sur sa décision. Il y va de la survie de 13 millions de congolais.
Déclaration de l’Honorable Samy Badibanga
J’ai appris avec surprise et consternation la décision du gouvernement déclinant sa participation à la conférence des donateurs qui se tient à Genève le 13 avril 2018 en vue de mobiliser les fonds nécessaires pour venir en aide aux 13 millions de congolais qui se trouvent en situation d’urgence humanitaire, dont 4,5 millions de personnes déplacées au grand Kasaï, au Nord et au Sud Kivu, au Maniema et au Tanganyika. A ces personnes s’ajoutent depuis plusieurs mois à présent des dizaines de milliers d’autres que les récents développements alarmants en Ituri ont poussé sur le chemin d’exil en Ouganda.
Cette situation d’extrême gravité place des millions de nos compatriotes dans le dénuement le plus total : sans alimentation, sans abri, sans sécurité, ni écoles ni centre de santé, les obligent à fuir ou à vivre encore dans les zones de violences ou de crises humanitaires.
Je constate donc avec regret que dans ce contexte, les autorités congolaises privilégient des questions de forme au lieu de celles de fond, et souhaitent s’entretenir des indicateurs en demandant une harmonisation des chiffres dans le but d’amoindrir la gravité de la situation avant d’envisager leur participation à la Conférence internationale des donateurs à Genève le 13 Avril 2018. Il s’agit d’une attitude pour le moins irresponsable au regard de l’intensité d’une situation qui interpelle toutes les bonnes consciences.
En effet, ce projet de conférence internationale des donateurs que nous avons initié avec les églises Catholique et Protestante dans le cadre de la coordination l’Espoir a pour but de mobiliser le 1,68 milliard de dollars américains nécessaires au Plan de Réponse Humanitaire des Nations-Unies pour le Congo. On ne peut pas laisser autant de personnes dans le besoin d’urgence extrême et risquer la mort juste pour sauvergarder son image de marque.
Compte tenu de ce qui précède, j’appelle les Nations-Unies, l’Union européenne et l’ensemble de la communauté internationale à accélérer la mobilisation de l’aide humanitaire que les autorités publiques congolaises ne sont, du reste, pas en mesure d’apporter.
Je rappelle ici la confiance que le peuple congolais place dans les Nations-Unies pour mener à bien cette mission qui a pour seul objectif d’apporter le secours urgent et nécessaire aux 13 millions de congolais en besoin d’aide humanitaire d’urgence.
Au demeurant, j’en appelle au gouvernement congolais à faire preuve d’un sursaut d’orgueil afin, d’une part, de reprendre sa place à la conférence des donateurs prévue à Genève et, de l’autre, à honorer l’impératif du respect des droits humains prévu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, et en particulier le droit fondamental à la sécurité et à l’intégrité physique.
Fait à Kinshasa, le 25 mars 2018
Honorable Samy Badibanga Ntita
Premier ministre honoraire
FDA
Forum des As / RFI