Voilà un cas typique de ce que le président de la République, ne veut plus voir se reproduire : une fois de plus, Tony Mwaba, ministre sortant de l’EPST, intrigue de se soustraire à la patrouille financière de l’Inspection générale des finances (IGF). “Pourquoi seulement et toujours Tony Mwaba ? Puisqu’il est de l’UDPS ou jouit-il d’une immunité ad divinem qui l’épargne de tout contrôle ?”, fonce un blogueur sur les réseaux sociaux.
“Son armée numérique n’a pas réussi à leurrer l’opinion! Il n’y a jamais eu braquage au bureau du comptable de la Direction nationale de contrôle, de la préparation de la paie et de la maîtrise des effectifs des enseignants et du personnel administratif des établissements scolaires (DINACOPE) ex-Secope. Tony Mwaba doit subir la sanction des ministres tricheurs aux législatives, plaide un activiste des droits de l’homme. Il ne devrait pas avoir accès à la prochaine réunion du Conseil des ministres. Warrior ne rime pas avec robber!” Venons-en aux faits.
En ce dernier jour du premier mois de l’année, les inspecteurs de l’IGF étaient en patrouille mais ils vont se heurter à un refus de collaborer ferme d’un comptable au ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST). Pour la Ligue congolaise contre la corruption, il n’y a point lieu de polémiquer, le contrôle-caisse est tout à fait légal. Quand” on va contrôler un présumé voleur, on n’avertit pas”, renchérit le président de l’ODEP. “Ces inspecteurs sont venus dans un service, pas au cabinet du ministre” de l’EPST. Pour Florimond Muteba, Tony Mwaba “a voulu faire diversion, mais ça va lui coûter cher”.
Hélas, informé de la patrouille subite des limiers de l’IGF, un service de la présidence de la République, sied-il de le rappeler, le ministre sortant de l’EPST se pointe avec de gros bras et policiers. Il sermonne, sans aucun égard, les inspecteurs de l’IGF qui sont, par la suite, séquestrés et humiliés comme des vulgaires intrus, des marginaux resquilleurs! Pis, ce que son collègue des Droits humains, Fabrice Mpwela, ne devrait guère apprécier, la maltraitance que subissent les inspecteurs, agents de la présidence de la République, est filmée, avec désinvolture… l’on dirait à l’époque de tristement célèbres “Hiboux” à la solde d’un mouvancier du MPR! La vidéo du martyre des inspecteurs de l’IGF est devenue virale depuis les heures vespérales du mercredi 31 janvier.
Et pourtant, en collaborant avec l’IGF, Tony Mwaba aurait pu prouver à la face du monde qu’il n’est nullement trempé dans l’affaire de détournement de plus de 7 milliards de CDF de prime d’encadrement de la paie. Bien au contraire, dans la vidéo qui plaide en sa défaveur, Tony Mwaba s’emploie plutôt à un haussement désabusé des épaules et machine de tourner en bourrique l’action des inspecteurs de l’IGF pourtant porteurs d’un ordre de mission dûment signé par le pointilleux inspecteur général des finances-chef de service, Jules Alingete Key.
Dans la vidéo qui fait scandale et érode la côte d’opinions favorables du ministre UDPS, Tony Mwaba accuse les inspecteurs d’avoir « ravi » les pièces et autres effets des mains d’un comptable, surtout qu’ils « ne s’étaient pas faits annoncer au préalable auprès de son cabinet. » Les inspecteurs des Finances ne sont soumis à aucune exigence protocolaire, réplique le conseiller en communication de l’IGF. Dieunit Kanyinda dément également les allégations selon lesquelles ces inspecteurs auraient ravi de l’argent au comptable de la DINACOPE. Et pourtant, c’est une évidence que nul n’est censé ignorer les agents de l’IGF. Qu’il soit noté, l’inspecteur général Kapuku Tshipepele et les inspecteurs Nlenda Ndingi et Itumba Mukangu lynchés n’avaient aucune formalité protocolaire à remplir pour mener leur mission.
Espérant noyer les limiers de l’IGF, quelques personnes pérorent sur un prétendu racket de 1.300 dollars et 300 euros! Il faut juste rappeler au juriste que l’article 12 bis, modifié et complété par l’article 1er de l’ordonnance n° 23/117 du 7 juillet 2023, modifiant et complétant l’Ordonnance n° 87-323 du 15 septembre 1987 portant création de l’Inspection générale des finances, telle que modifiée et complétée par l’ordonnance n° 20/137-b du 24 septembre 2020, stipule que «(…) les inspecteurs des finances effectuent leurs missions sur place et sur pièces. Toutefois, pour la préparation de leurs interventions, les inspecteurs des finances peuvent requérir un accès distant permanent aux bases de données professionnelles des services soumis à leur contrôle. Porteurs d’un ordre de mission, ils ont le droit de se faire présenter, sans formalités protocolaires quelconques, toute pièce et tout document nécessaire à l’accomplissement de leurs missions».
Cette loi, un acte signé et rendu public par le président de la République, couvre les inspecteurs de l’IGF qui ne sont nullement allés au-delà de leurs missions. Malheureusement, ils ont été arrêtés sur ordre du ministre sortant et actuellement député national UDPS, et conduits auprès du procureur général qui les a aussitôt libérés, après les avoir entendu et avoir constaté qu’ils ont correctement mené leur travail et qu’ils sont dans leurs droits.
Les inspecteurs Kapuku Tshipepele, Nlenda Ndingi et Itumba Mukangu vont devoir poursuivre leurs investigations qui, selon leur ordre de mission signé le 24 janvier 2024 par Jules Alingete, s’étendront sur 180 jours. Ils doivent en effet, selon la note du chef de service de l’IGF, ” contrôler la gestion des fonds mis à la disposition de la DINACOPE dans le cadre du fonctionnement des écoles et de la gratuité, contrôler la perception de différents frais de participation à l’examen d’État et enquêter et établir les responsabilités sur les irrégularités constatées”.
Selon des sources bien renseignées, l’IGF fera prochainement un communiqué officiel sur ce que d’aucuns qualifient déjà de Tonygate. Dans la classe politique, les voix s’accordent à dire que les chances du ministre sortant de succéder à lui-même ou d’occuper un autre portefeuille dans le futur gouvernement se sont totalement volatilisées. Déjà Tony Mwaba, durant le premier quinquennat de Fatshi, avait été au cœur d’un chapelet de lourdes présomptions de malversations financières : Veridos, Tournoi scolaire, Frais de fonctionnement du Service de contrôle de paie des enseignants (SECOPE), etc. Sa plainte contre Alingete qu’il considère comme un épouvantail, n’est qu’un pétard mouillé. Les faits vont le clouer, a tranché un syndicaliste de l’EPST.
Popol Rabuni
Ouragan