Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a adressé, mardi 21 juillet 2020 sur la télévision nationale congolaise (RTNC), un message « urbi et orbi », à partir de Kinshasa, à la Nation et au monde entier. Un message essentiellement consacré à la fin de l’état d’urgence sanitaire, certes, mais qui sera accompagné d’un plan de mesures sanitaires pour endiguer définitivement la Covid-19. « Mais la fin de l’état d’urgence ne veut pas dire la fin de l’épidémie dans notre pays », a prévenu le chef de l’État. Pour lui, les Congolais devront apprendre à vivre avec la maladie, quitte à respecter les mesures barrières pour se préserver et protéger les autres.

C’est depuis mardi 21 juillet à minuit que la République démocratique du Congo (RDC) est sortie de l’état d’urgence sanitaire qui a duré depuis 4 mois. En effet, dans un message diffusé sur les antennes de la télévision nationale, le chef de l’État a levé les mesures qu’il avait prises le 24 mars 2020, tout en donnant de nouvelles orientations sur la suite du comportement à adopter après cette longue période de confinement.

Ce message de Félix Thisekedi était très attendu par le peuple congolais, qui était arrivé presqu’au bord de l’asphyxie économique, privé de ses activités quotidiennes, notamment les cultes religieux, le petit commerce, les écoles et universités, les bars, les rencontres sportives, les déplacements à l’intérieur et à l’extérieur du pays, etc. C’est avec liesses et cris de joie que la population kinoise a accueilli cette annonce qui est tombée tard dans la nuit.

Des préalables…

Un certain nombre de préalables par rapport aux mesures sanitaires et la reprise des activités dans les secteurs concernés.

Ces préalables comprendront l’engagement des responsables à faire respecter les mesures spécifiques… Il a annoncé, entre autres que le 22 juillet, c’est la reprise des activités commerciales, la reprise des rassemblements et des transports en commun ; le 3 août, la reprise des écoles et universités, en commençant par les classes des promotions terminales ; et le 15 août, la réouverture des églises et les lieux des cultes, des ports, aéroports, stades et salles des spectacles… Pour les funérailles, les dispositifs actuels restent maintenus.

Quant aux mesures sanitaires, il a souligné la nécessité d’observer partout les mesures barrières.

La motivation de la levée de l’état d’urgence par le chef de l’État est motivée par quelques préalables : la tendance à la baisse du nombre de nouveaux cas en ce mois de juillet. Ce bilan place la RDC à la 9ème place en termes de nombre de cas et 12ème place en termes de décès. Mais surtout par le fait qu’après avoir prorogé à six reprises l’état d’urgence, le président de la République a été à l’écoute de l’équipe de riposte qui constate une amélioration et la diminution des cas testés positifs, alors que le nombre de guéris va crescendo. Cela rassure. Mais elle joue sur la prudence et a même suggéré au gouvernement qu’on y aille par étape, c’est-à-dire un déconfinement progressif jusqu’au 7 septembre prochain.

Et, dans son discours, le chef de l’État a pris en compte l’avis du Comité technique à la riposte contre la Covid-19. En effet, invité à prendre part à la 40ème réunion du Conseil des ministres du vendredi 17 juillet 2020, à l’issue duquel il a été annoncé la levée de l’état d’urgence sanitaire, le docteur Jean-Jacques Muyembe Tamfum, coordonnateur du Secrétariat technique de l’équipe de riposte contre la COVID-19 en RDC, avait proposé « quant à la période à prendre en compte pour l’application totale de la mesure de levée progressive de l’état d’urgence sanitaire, décrété le 24 mars 2020, qu’elle aille du 21 juillet au 7 septembre 2020 ». Il avait insisté sur le fait que « le respect des gestes barrières reste une condition essentielle dans la réussite du déconfinement progressif consécutif à la levée de l’état d’urgence sanitaire ».

« Sans cela, il pourrait être envisagé le reconfinement, à l’instar de ce qui s’est passé en Afrique, en particulier à Madagascar, au Maroc et en Algérie », pense Dr Muyembe.

La prudence et la rigueur s’imposent

À prendre au sérieux l’avis de cet éminent scientifique, on peut conclure que la fin de l’état d’urgence annoncée par le président de la République ne signifie cependant pas un retour complet à la vie normale. Tshisekedi l’a lui-même souligné dans son speech d’hier.

« Notre avenir, notre devenir dépendra de notre comportement », a-t-il martelé.

« Les raisons de l’expérience de lutte nous ont appris que nous devons vivre avec cette maladie. Nous devons ainsi adapter nos stratégies de lutte et de prévention contre ce fléau en tenant compte de cette évidence », a déclaré Tshisekedi.

Cependant, la fin de l’état d’urgence ne veut pas dire la fin de l’épidémie. « Il est donc question de faire l’équilibre entre notre santé physique, celle de l’économie et la stabilité de notre société », a indiqué le chef de l’État.

Ceci dit, la population congolaise devra apprendre à vivre avec la maladie comme partout ailleurs. Sinon, déjà avec l’expérience en Chine ou aux États-Unis où de nouveaux foyers de la Covid-19 ont été observés après la levée des mesures de restriction, il y a à craindre une forte résurgence de la pandémie en RDC ; avec des cas de contaminations qui ne font que grimper.

Cette inquiétude est réelle surtout que dans la pratique, il s’observe aussi bien à Kinshasa que dans d’autres grandes agglomérations du pays, le non-respect total des mesures barrières.

Et du côté de l’équipe de la riposte, c’est l’incapacité de pratiquer le test généralisé sur l’ensemble de la population.

Quid de la fiabilité des statistiques rendues publiques par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) ? La question demeure pendante. Cependant, il y a lieu de constater que déjà dans une ville de plus de 15 millions d’habitants comme Kinshasa, le Comité de riposte n’est pas en mesure de déterminer, ne serait-ce que le statut sérologique des 10% de la population…

Tout ça, c’est sans compter le fait que toutes les mesures d’accompagnement socioéconomique pour réduire l’impact de la Covid-19 n’ont pas suivi. Conséquence, tout se déverse sur le plan politique.

L’état d’urgence levé, le gouvernement devra mettre en place des mesures d’accompagnement et faire appliquer le respect strict des mesures barrières dans tous les lieux publics afin d’épargner la population des effets d’une seconde vague de contaminations de la Covid-19.

Pour poursuivre la lutte, le chef de l’État a invité toutes les parties prenantes à multiplier les sensibilisations dans des lieux publics afin de prévenir les populations de la menace permanente que continue de présenter cette pandémie.

Il convient rappeler que c’était le 24 mars 2020 que l’état d’urgence sanitaire avait été décrété, après le 1er cas testé positif de Covid-19, le 10 mars 2020.

Le Phare

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