A pratiquement deux ans de la tenue des élections de 2023, les lignes bougent au sein de la classe politique congolaise. Des alliances se font et se défont en perspective des enjeux électoraux. Au moment où sénateurs et députés s’activent à offrir au pays une nouvelle loi électorale, doublée d’une autre loi qui consacre la réforme de la Centrale électorale, deux dynamiques annoncent les couleurs : « le Front civique contre le glissement » de Martin Fayulu Madidi et Delly Sesanga Hipungu, et « le Front citoyen pour les élections », promu par le Groupe de 13 (G13), le collectif d’une dizaine de notables et parlementaires.

Leader de la coalition Lamuka, Martin Fayulu et le député national Delly Sesanga se sont concertés pour harmoniser leurs vues sur le nouveau combat qu’ils tiennent à mener en synergie. Convaincus que le consensus fait défaut en matière de réforme de la loi électorale et de la loi sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les deux acteurs politiques ont décidé de lancer « le Front civique contre le glissement ».

Le président national d’Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) et l’élu de Luiza ont jugé le moment propice pour se serrer les coudes et militer en vue de contrer toutes tentatives de « hold up électoral » ou, dans le cas contraire, toutes les manigances qui risqueraient de conduire le pays à des dérives qui déboucheraient sur le « glissement ». Dans ce contexte, il ne serait plus possible d’organiser les élections dans le délai constitutionnel, redoutent-ils. D’où, la sonnette d’alarme qu’ils tirent.

Effet boule de neige

Au regard des signaux qui pointent à l’horizon, nombre d’observateurs estiment que cette dynamique ne va pas tarder à faire boule de neige. En effet, au moment où Fayulu et Sesanga convolent en justes noces avec leur « Front citoyen contre le glissement », députés nationaux et notables réunis au sein de G13 – auquel fait encore partie Sesanga – appellent les forces politiques et sociales à les rejoindre au sein du « Front citoyen pour les élections ».

Dans une déclaration qu’ils ont signée et diffusée hier mercredi 9 juin à Kinshasa, les dix membres de cette équipe ont manifesté leur inquiétude après avoir suivi avec attention, à l’Assemblée nationale, « le débat et l’adoption, en première lecture, de la proposition de loi organique portant organisation et fonctionnement de la CENI ». Ils se sont montrés septiques quant à la manière dont est menée la réforme de cette loi organique, premier pilier du processus de la réforme électorale.

Retard dans les préparatifs du scrutin de 2023

Députés nationaux pour la plupart, Jacques Ndjoli (Boende), Delly Sesanga (Luiza), Claudel André Lubaya (Kananga), Juvénal Munubo (Walikale), Jean-Marc Mambidi (Watsa), Jean-Jacques Mamba (Kinshasa/ Lukunga), Charles Makengo (Kinshasa/ Tshangu), de commun accord avec Daniel Mukoko Samba (ancien Vice-Premier ministre), Jean-Pierre Muongo (ancien Directeur Général de l’OCPT) et Mme Riche Manya (Société civile) déplorent « le retard accumulé dans la préparation des élections, à 876 jours du délai constitutionnel de la convocation des scrutins pour 2023 ».

« Si l’on n’y prend garde, ce retard menace sérieusement la perspective de la tenue effective, dans les délais constitutionnels, des élections en 2023, compte tenu de l’ampleur des opérations préélectorales et électorales à réaliser », font remarquer les ténors de G13.

Consensus sacrifié au profit « d’une réformette »

« A l’analyse du travail de l’Assemblée nationale, constatent-ils, aucune leçon n’a été tirée du passé : les grandes options de la réforme n’ont pas été retenues dans le texte adopté… La noblesse et la force des principes de l’exposé des motifs contrastent fondamentalement avec la vacuité des dispositions de la loi. Il s’agit principalement des questions touchant à l’indépendance de la CENI et de ses membres, au contrôle opérationnel et financier de la Centrale électorale, au statut des agents permanents de cette institution, comprenant le secrétariat national, les secrétaires provinciaux et les chefs d’antenne, d’une part et, des agents temporaires d’autre part ».

« Dès lors, notent les signataires de la déclaration, la grande ambition de la réforme, esquissée par consensus lors des consultations menées par le G13, a été sacrifiée sur l’autel du partage des postes au Bureau de la CENI, au profit d’une réformette sans envergure et sans prétention de changer la gouvernance électorale ».

Grogne dans la Société civile

Outre Fayulu, Sesanga et ses camarades de G13, le malaise est aussi perceptible au sein de la Société civile où les violons ne s’accordent pas encore. Des composantes de la Société civile autres que les confessions religieuses s’estiment exclues de cette institution citoyenne.

Par ailleurs, la tendance à la politisation de la Centrale électorale, au niveau notamment de la configuration du bureau, est loin de plaire aux représentants des églises qui ont toujours plaidé pour l’indépendance de cette institution d’appui à la démocratie. Première à protester, l’Eglise du Christ au Congo (ECC), à travers son porte-parole Eric Senga. Chez les catholiques, on reste encore réservé, en attendant la fin des travaux des évêques de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO).

L’on se demande, dès lors, si Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, qui sont encore membres actifs de Lamuka, vont également embarquer dans « le navire de la résistance », même si ils se déclarent partisans de l’Union sacrée de la nation.

YKM
Forum des As

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