L’éviction d’Alexis Thambwé de son poste de président du Sénat a réjoui beaucoup de Congolais. L’homme est, en effet, peu aimé. Imbu de lui-même, il est passé sans état d’âme dans une demi-douzaine de camps politiques différents – voire ennemis – au gré des conjonctures, ne poursuivant que son seul intérêt, cultivant les associés plus que les amis.

Reste que son éviction et celle de son bureau se sont déroulées sans respect pour le cadre juridique. Ce qui hypothèque la légitimité de leurs successeurs autant que les élections de 2018 hypothéquaient la leur.

« L’élection » du nouveau bureau de l’Assemblée nationale est, elle aussi, entachée d’irrégularités, avec un candidat qui invalide les candidatures de ses rivaux et les hautes cours de l’Etat qui appuient la position de l’un ou l’autre camp, selon la direction du vent du pouvoir. Cela avait commencé avec la nomination irrégulière, à la Cour constitutionnelle, de juges favorables au président Tshisekedi.

Cette illégitimité cumulée vient aggraver celle, congénitale, du régime né de l’accord entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi pour se partager le pouvoir en dépit des résultats électoraux présumés, jamais publiés dans le détail. Les violations répétées de la Constitution, des lois et règlements que se donne le Congo achèvent de détruire son image. Qui signerait un contrat avec un pays qui viole allègrement ses propres lois, sauf à se garantir d’abord des rentrées substantielles? Qui, à part un joueur de poker, ferait confiance à un chef d’Etat qui renie l’accord qu’il a signé la veille et ne respecte pas son serment de garantir la Constitution?

Une grande partie de l’opinion congolaise appuie la mise à l’écart des kabilistes qui, bien que honnis des citoyens, se sont retrouvés miraculeusement majoritaires au sein des assemblées législatives. Au nom d’une présumée « alternance », les Congolais préfèrent donner leur appui à un Félix Tshisekedi dont l’élection n’a pourtant pas plus été prouvée par la publication des résultats électoraux.

Après deux ans de Présidence Tshisekedi, les citoyens se sont aperçus qu’avec Tshisekedi=avant Tshisekedi. Il n’y a pas eu d’alternance: le FCC et ses transfuges sont toujours majoritaires, y compris dans la nouvelle majorité, baptisée Union Sacrée.

Aujourd’hui, une large part de l’opinion, à Kinshasa, compte sur le « déboulonnage » des kabilistes pour enfin voir cette alternance et une amélioration de son quotidien. Comment serait-ce possible alors que les kabilistes, dans leur majorité, ont simplement renié un chef, Kabila, pour se ranger derrière un autre, Tshisekedi, sans changer quoi que ce soit à leurs habitudes politiques, basées sur l’égoïsme, l’absence de scrupules, la paresse intellectuelle et alors qu’on entrevoit déjà une rivalité entre eux et les tshisekedistes de la première heure pour les postes et les prébendes?

Loin de réjouir les Congolais, ce qui se passe à Kinshasa devrait les inquiéter. La manœuvre politique, menée tambour battant, a affaibli Kabila, ce que beaucoup souhaitaient. Mais, parce qu’elle foule aux pieds la Constitution et les lois, elle mine profondément les institutions, donc le pays. Et par conséquent elle affaiblit les Congolais.

La libre Afrique

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici