Les activités sont paralysées ce vendredi 19 mars dans les grandes agglomérations de la partie nord de la province du Nord-Kivu, notamment Butembo, Beni et Oicha. A l’appel d’un groupe de pression de la région, la Véranda Mutsanga, les habitants observent une journée ville morte pour réclamer le retour de la paix dans la région de Beni, victime depuis plus de six ans, des massacres des civils par la rébellion d’Allied democratic forces (ADF).

A Butembo par exemple, depuis ce matin, boutiques, magasins et banques restent fermés. Au marché central, visité par ACTUALITE.CD, la quasi-totalité des étalages sont vides. Seuls quelques vendeurs de denrées alimentaires, notamment des légumes, tubercules et poissons sont visibles.

Les étalages vides ce vendredi au marché central de Butembo
Dans les écoles, notamment celles opérationnelles au centre-ville, les activités sont également paralysées. Celles visitées par ACTUALITE.CD dans la vallée de Kavaghendi, près de la mairie, les unes n’ont pas directement ouvert, alors que d’autres ont renvoyé apprenants et enseignants à la maison, « pour les mettre à l’abri d’éventuelles tensions », nous a expliqué un préfet des études.

Des échauffourées et des interpellations

Jusqu’à 12 heures locales, des échauffourées sont signalées dans certains coins chauds, notamment à Nziapanda et Katwa, au Sud de la ville de Butembo. Des heurts opposent des jeunes manifestants à des agents de l’ordre, notamment des policiers, déployés pour évacuer des barricades jetées sur des artères. Shafi Musitu, l’un des leaders de Véranda Mutsanga rapporte à ACTUALITE.CD des interpellations dans les rangs des civils, notamment à Mutsanga, fief du groupe de pression.

« Dès le petit matin, des policiers étaient déployés chez nous pour empêcher la tenue de notre manifestation. Au siège de la Véranda Mutsanga, je les ai vus arrêter au moins six jeunes, essentiellement des passants qui n’ont rien à voir avec la manifestation. C’est également le cas à Katwa où notre antenne nous rapporte d’autres interpellations », signale-t-il à ACTUALITE.CD.

« Nous avons manifesté pour réclamer la restauration de la paix à Béni. Le chef de l’Etat ne fait que donner des promesses. On en a marre. On est fatigué des promesses. Nous voudrions que le Chef de l’Etat, comme le nouveau Premier ministre puissent prendre avec considération la question de Beni. Depuis 2014, on ne fait que tuer des civils, dans des conditions atroces. Nous avions donné notre confiance au Chef de l’Etat, juste quand il a été élu. Mais deux ans après, nous sommes déçus de n’entendre que des promesses. Nous avons besoin d’actions », a déclaré Shafi Musitu.

Jusque-là, aucune communication n’est faite par les services de sécurité qui disent observer l’évolution de la situation. Mais la veille, un membre du conseil urbain de sécurité a qualifié ces appels à manifestations comme « actes subversifs ». Ainsi, des policiers ont été déployés dans des carrefours stratégiques de la ville de Butembo, notamment aux ronds-points Nziapanda, Takenga, Monument historique (ou VGH) et Malu-Malu (ou Soficom) et cathédrale, pour parer à toute éventualité.

Deux blessés par balle à Oicha

En ville de Beni, les activités sont également paralysées, notamment dans la commune de Mulekera. Des jeunes manifestants ont jeté des barricades sur plusieurs artères, notamment celles du centre commercial de Matonge. Ils se sont également improvisés dans certaines écoles, notamment à Kalemire, pour faire sortir les apprenants et les renvoyer à la maison. Aucun incident majeur n’est jusque-là signalé dans la ville de Beni. Sauf dans l’agglomération voisine d’Oicha, chef-lieu du territoire de Beni, où de sources concordantes rapportent à ACTUALITE.CD deux blessés par balle lors de la répression de la manifestation des jeunes. Les deux blessés sont pour l’instant admis aux soins à l’hôpital général de référence d’Oicha. Entre-temps, dans la cité d’Oicha, les activités tournent au ralenti.

Claude Sengenya et Yassin Kombi
Actualite.cd

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