L’avènement de l’Union Sacrée pour la Nation a suscité beaucoup d’enthousiasme tant dans l’opinion qu’au sein de la classe politique congolaise. Depuis, l’espace politique est en pleine activité dans des négociations politiques.

L’UNION SACREE MOBILISE

Des rencontres se multiplient entre les états-majors et les personnalités politiques au gré des intérêts. Au-delà de tout, le peuple meurtri par des années de privation espère que cette fois, les choses pourraient se mettre en place pour le bien des Congolais, notamment le retour de la paix dans la partie Est du pays.

LES DOSSIERS POLITIQUES DEMOBILISENT

Mais au regard de l’évolution de l’actualité et de certains dossiers politiques brûlants, la situation n’est pas aussi favorable qu’on le pense. Au-delà du nombre des personnalités, des partis et regroupements politiques qui rejoignent chaque jour l’Union Sacrée, le Président Félix Tshisekedi parait de plus en plus s’isoler, au point que l’opinion commence à se poser des questions sur l’avenir de l’Union Sacrée. Si La nouvelle vision de Fatshi draine autant du monde et d’espoir, quelques dossiers et incidents politiques pourraient constituer des pesanteurs et éloigner certaines personnalités du chef de l’État qui a pourtant besoin de fédérer le plus grand nombre autour de lui, comme il l’a affirmé dans son discours annonçant l’Union sacrée.

LA GÉOPOLITIQUE DIVISE

Au-delà des partis politiques, au-delà de la configuration actuelle de l’Assemblée Nationale, base théorique de répartition du pouvoir, la politique congolaise est encore tributaire de la géopolitique. Aussi, les gens s’identifient plus à leur communauté linguistique et leur province qu’à la nation. Le Congo étant constitué de plus de 400 ethnies regroupées en quatre langues nationales qui occupent les 26 provinces, il est quasiment impossible à un homme politique de fédérer, sans coaliser avec les leaders politiques d’autres communautés ou d’autres provinces en qui leurs populations se reconnaissent. C’est en composant avec toutes les provinces que Mobutu a régné pendant 32 ans. Joseph Kabila a fait un effort pour avoir des alliés un peu partout dans le pays. Mais actuellement, certains évènements semblent éloigner plusieurs leaders politiques de Félix Tshisekedi.

KABILA, KATUMBI, MUYEJ, NUMBI ET NGOY MULUNDA AU KATANGA

La première communauté qui risque d’être en rupture avec Tshisekedi, c’est le Grand Katanga. En dehors de Kabila qui parait être en dissension avec Félix Tshisekedi depuis la dislocation de la coalition FCC-CACH, il faut ajouter le Général John Numbi qui s’est retiré au Katanga, depuis qu’il a été démis de ses fonctions. Il y a également Muyej dont la gestion est objet d’une mission de contrôle pendant qu’il est à l’étranger, officiellement pour des soins médicaux. A ces trois, vient s’ajouter Ngoy Mulunda qui n’a fait qu’exprimer tout haut, le malaise qui couve dans la communauté Katangaise. Quant à Katumbi, son attitude est fonction de l’issue des négociations dans le cadre de l’Union Sacrée. La dernière sortie sulfureuse de Kabund devant les députés Fcc n’était pas de nature renforcer les liens, alors que Katumbi, qui a soutenu Fatshi depuis le début de son mandat se refroidit de plus en plus avec les négociations dans le cadre de l’Union Sacrée.

FAYULU ET MOZITU AU BANDUNDU

Le candidat de Lumuka n’a jamais arrêté de revendiquer sa victoire à l’élection présidentielle de 2018. Jusqu’à preuve du contraire, il garde toujours la confiance des ressortissants de sa province. Vient s’ajouter son compagnon de lutte Mozitu mais aussi les leaders frustrés du FCC comme Aubain Minaku, un inconditionnel de Kabila qui ne peut concilier avec Tshisekedi, tant que ce dernier est en froid avec Kabila.

BEMBA ET MABUNDA A L’EQUATEUR

La défenestration humiliante de Mabunda de la chambre basse du parlement n’a pas été négativement ressentie qu’au FCC. Pour certains équatoriens, c’est leur sœur qui a été sacrifiée à l’autel de l’Union Sacrée. Si les négociations en cours n’était pas favorable à Jean Pierre Bemba qui est un leader incontesté dans l’Ouest du pays, ceci risque de creuser davantage le fossé entre Félix Tshisekedi et l’Équateur qui s’est toujours senti négligé par différents régimes depuis le départ de Mobutu.

KAMERE ET RUBUYE AU KIVU

L’arrestation de Kamerhe à l’issue du procès de 100 jours n’a jamais été digérée par la majorité des kivutiens qui ont multiplié des déclarations et des revendications pour réclamer sa libération, quels que soient les griefs qui pesaient contre lui. Comme si cela ne suffisait pas, le dossier Rubuye vient s’ajouter à celui de Kamerhe pour éloigner davantage Tshisekedi de ceux qui l’appelaient affectueusement beau-frère. Jeune leader qui représentait l’espoir de cette partie du pays après Kamerhe, son avenir politique est compromis depuis qu’il lui a été reproché de contrer l’initiative visant la destitution de Tambwe Mwamba de la présidence du Sénat. Le président de l’équipe de football Bukavu Dawa est sous les feux des services spéciaux qui lui reprochent d’avoir tenté de contrer la machine à broyer qui s’est déployée au parlement. Arrêté ou en clandestinité ? Rubuye a disparu depuis plusieurs jours de la circulation après que sa garde lui a été retirée. Certains y voient une main noire du Bahati, nouvel allié de Tshisekedi qui voudrait régner seul dans le Kivu.

POIDS NUMÉRIQUE CONTRE POIDS POLITIQUE

L’Union Sacrée draine certes plusieurs députés nationaux, mais si des poids lourds de la scène politique congolaise y font défaut, cela risque d’éloigner Tshisekedi de la majorité de la population. Il est avantageux pour tous que le Président de la République opère une péréquation entre le poids numérique que représentent les députés à l’Assemblée Nationale pour la plupart mal élus, et le poids politique réel sur terrain des leaders politiques qui peuvent apporter aussi bien leur caution morale que leurs bases respectives au sein des communautés.

D’autre part, il est important aujourd’hui de jouer à l’apaisement en s’abstenant de traiter juridiquement des dossiers politiques mais aussi en se concentrant sur le retour de la paix dans l’Ituri, à Beni et sur les plateaux d’Uvira.

Une éventuelle coalition entre ces différents leaders face à Tshisekedi risque de s’avérer nuisible pour l’avenir.

une chronique du Prof Voto

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