Comme l’a si bien annoncé Forum des As dans son édition du mercredi 15 décembre, la désignation des membres aux différents postes à pourvoir du bureau de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), a effectivement commencé hier et devra se clôturer ce dimanche. Cette première étape est consacrée à l’examen des dossiers des candidats de l’opposition parlementaire représentée par le PPRD, au niveau de la Commission paritaire (controversée ?) Majorité-opposition de l’Assemblée nationale.

Pour cette journée d’hier, des sources ayant des entrées faciles au bureau de la Chambre basse, attestent que deux ailes dissidentes du FCC ont concurremment déposé les listes de leurs représentants. A savoir, l’aile dite progressiste de Constant Mutamba et Agge Matembo et celle de Didi Manara, ancien président du groupe parlementaire PPRD, destitué de ses fonctions le mardi dernier pour « haute trahison« .

Malgré la décision de sa déchéance, prise par les instances supérieures du parti, le député national Didi Manara se déclare toujours membre du PPRD et ne reconnait pas au bloc conduit par le tandem Mutamba –Matembo, la qualité de déposer, au nom de l’opposition, la liste des délégués du PPRD au bureau de la Centrale électorale. Ainsi, la balle se trouve-t-elle désormais, dans le camp de la Commission paritaire chargée de l’étude des dossiers, pour un ultime arbitrage.

UN PARFUM FORT DU DEBAUCHAGE?

Qui donc occupera le fauteuil encore vide du 2ème vice-président de la CENI réservé à l’opposition? Enigme ! Seuls les initiés pourraient tirer l’horoscope des principaux acteurs des deux ailes dissidentes du PPRD. Dès lors, l’offre alimente une telle convoitise que tous les moyens semblent permis pour les différents prétendants qui, à ce jour, ont montré à l’opinion qu’ils sont prêts à tirer l’épée contre leur prince d’hier, en échange des postes à la CENI.

Cependant, vu des observateurs, la démarche des deux camps des anciens membres du PPRD répand un parfum fort du débauchage. Pour ces mêmes observateurs, en acceptant les deux listes, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso Nkodia, cautionne justement ce que l’actuel Chef de l’Etat, alors dans l’opposition, dénonçait sous les régimes de ses prédécesseurs. A savoir, l’achat des consciences. Rien de nouveau sous les tropiques, quand on sait que cette pratique a été plusieurs fois expérimentée comme la recette du succès, pendant le régime du défunt le maréchal Mobutu.

Cependant, la même expérience renseigne que cette manière de faire à courte vue, n’a jamais résolu le vrai problème. A priori, la visée à court terme est celle de fragiliser l’adversaire. De bonne guerre en politique. Mais l’on devrait se projeter dans l’avenir pour voir ce que pourra engendrer, à long terme, cette pioche réputée «courte-joie».

En l’espèce, des analystes avisés pensent formellement que si l’on veut crédibiliser le processus électoral en cours, en privilégiant le consensus au sein de la classe politique et des forces vives de la Société civile, on ne devrait, ni tâtonner ni se tromper d’approche. La solution consiste plutôt à aller vers les acteurs qui posent problème en vue d’une décrispation concertée du climat politique. C’est donc, la meilleure recette à expérimenter, si l’on veut réellement crédibiliser le processus électoral.

A contrario, si l’on veut continuer dans la lancée actuelle, en se livrant à une sorte de pêche à la ligne dans le camp adverse, alors on aura ainsi créé toutes les conditions de délégitimassions du processus électoral. A en juger par les équilibres au niveau de l’Assemblée nationale, on sait qui incarne l’opposition. Partant, d’aucuns pensent que le processus électoral en cours gagnerait en crédibilité et en transparence, si l’on allait vers les acteurs majeurs de cette opposition parlementaire clairement identifiés pour débattre des questions qui fâchent. La finalité étant d’aboutir à un consensus.

Lorsque dans son message sur l’état de la nation, le lundi 13 décembre devant les deux chambres du parlement réunies en Congrès, le Président Félix Tshisekedi demande à l’opposition de désigner rapidement ses représentants au bureau de la CENI, on n’imagine pas que le débauchage en soit la formule idoine. Certes, ceux des acteurs politiques qui tirent profit de cette situation, voudraient ben la voir durer le plus longtemps possible. Mais qu’en serait-il de l’intérêt supérieur de la nation ?

On rappelle qu’après l’examen des dossiers, la Commission paritaire devra déposer son rapport le lundi 20 décembre au bureau de l’Assemblée nationale. Selon le calendrier de désignation des membres pour les trois postes vacants du bureau de la CENI, l’examen et l’adoption des conclusions de ladite Commission se fera au cours de la plénière de l’Assemblée nationale prévue pour le mardi 21 décembre. La résolution d’entérinement sera transmise au Président de la république le jeudi 22 décembre pour investiture de nouveaux membres.

Grevisse KABREL
Forum des as

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