La page de l’année 2020, qualifiée d’année des actions par le Président Félix A. Tshisekedi, sera définitivement tournée ce 31 décembre à minuit. Une nouvelle va s’ouvrir. Avec quelles promesses ? Celles antérieures ont-elles été réalisées ? Dans tous les cas, le constat est amer : les 60 ans d’indépendance de la RDC sont un fiasco. Dans un récent opus collectif riche en enseignements sur fond du passé avec regard sur l’avenir, les musiciens congolais interpellent la société : d’où venons-nous, où sommes-nous et où allons-nous ? C’est un jugement sévère. Surtout pour ceux qui forment ou qui aspirent à la classe dirigeante et dont la seule préoccupation est demeurée le ventre. Après deux ans de pouvoir sulfureux scellé par l’Accord FCC-CACH, le Président Félix Antoine Tshisekedi a résolu de ne pas traîner la terre sur sa tête, tel Sisyphe. Il a réalisé sûrement qu’est-ce que «présider la RDC», un pays avec une vocation africaine, voire internationale, mais incapable de se doter de la gâchette du révolver de Frantz Fanon, de concilier la convoitise de la communauté internationale sur ses richesses et ses intérêts vitaux et ceux de son peuple, d’accommoder les aspirations contradictoires des Congolais. Bref, un pays en panne de gouvernance.

Et un projet grandiose pour, tant soit peu, y remédier : l’UNION SACREE DE LA NATION. Qu’est-ce ? Une nouvelle mangeoire sur fond d’arithmétique politique, une blanchisserie, un slogan creux, une escapade politique? La nation doit être fixée alors qu’en même temps, la classe politique mérite d’être recadrée.

La RD Congo a connu sa première alternance pacifique du pouvoir le 24 janvier 2019 avec la prestation de serment du nouveau Président de la République F. A. Tshisekedi à l’issue des élections du 30 décembre 2018. Cette passation pacifique du pouvoir, entre un Président entrant et un Président sortant, une première depuis l’indépendance du pays le 30 juin 1960, a suscité un engouement au sein des populations malgré la controverse sur les résultats au point que des adversaires farouches d’hier ont dû convoler en justes noces pour une gouvernance commune au service de la nation. Cela, à travers la coalition FCC-CACH.

Près de deux ans après, cette alliance, qualifiée au départ par d’aucuns de contre-nature, a montré ses limites. Malgré un programme commun de gouvernement, les deux partenaires ont eu suffisamment de la peine à regarder dans la même direction. De nombreux couacs ont été enregistrés dans le cheminement, preuve des divergences profondes dans la gestion de la Res publica avec des répercussions négatives sur le bilan du Gouvernement, ainsi que sur l’action du Président de la République en personne. Conséquence : l’immobilisme dans la marche de l’Etat avec incidence désastreuse sur le développement du pays et le vécu quotidien des populations en proie à une misère de plus en plus exécrable.

Prendre le taureau par les cornes

Redevable au terme de son mandat en 2023 au peuple congolais à qui il a promu monts et merveilles, de par son programme, du reste commun, le Président F. A. Tshisekedi a décidé de prendre le taureau par les cornes pour pouvoir appeler au changement de paradigme. Son discours du 23 octobre 2020 en est le point d’orgue. Il a ainsi dénoncé les divergences immenses qui ont caractérisé la coalition et bouché les horizons de la nation. Lesquelles divergences ont porté sur des questions relatives à la paix et la sécurité nationale, à la Commission Nationale Electorale Indépendante, à l’organisation des élections, à la gestion du portefeuille de l’Etat, à la territoriale, à la diplomatie, à l’indépendance de la justice, et à l’instauration de l’Etat de droit. Ce qui a constitué un obstacle, notamment, au rétablissement de la paix là où elle est compromise, à sa consolidation là où elle existe, à la construction de la démocratie, à l’organisation des élections crédibles dans les délais constitutionnels, au renforcement de l’Etat de droit, à la construction des infrastructures, à l’assurance maladie universelle, à la garantie de l’éducation des enfants, à la définition d’une perspective économique pour la jeunesse et à la promotion accrue des droits de la femme. Il a, de ce fait, considérant que le salut du peuple est la loi suprême, initié les consultations en vue de la refondation de l’action gouvernementale autour des principes de participation à la gestion du pays.

Union Sacrée de la Nation : un nouveau projet de société ?

Les consultations ont livré leurs secrets. Elles ont été sans équivoque et ont débordé du cadre indiqué au départ par le chef de l’Etat. Elles ont été à la fois une catharsis et un électrochoc qui a appelé à la rupture, et ce sans atermoiements, de la coalition FCC-CACH qui appartient désormais à l’histoire tel que clamé par le Président de la République dans son discours du 06 décembre 2020 sanctionnant lesdites consultations. La voie vers l’Union Sacrée de la Nation a été ainsi balisée sur fond des propositions embrassant plusieurs axes de la vie nationale, à savoir, la paix et la sécurité, le renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit, l’organisation des élections crédibles dans le délai constitutionnel, l’indépendance et la bonne administration de la justice, l’amélioration des finances publiques et du climat des affaires, la planification du développement et l’érection des infrastructures, la promotion de l’émergence d’un Congolais nouveau, l’emploi et la perspective de vie à la jeunesse et la promotion des droits de la femme.

L’appel à la mobilisation autour de l’Union Sacrée de la Nation (USN) a créé un enthousiasme parmi les populations et la classe politique, décidées à donner finalement une chance à leur pays. Les lignes qui ont bougé à l’Assemblée nationale au point de faire basculer la majorité, avec incidence certaine sur la posture du Premier ministre, sont une indication d’une machine qui se met en place pour le triomphe de la vision du Président de la République. Bref, l’Union Sacrée de la Nation est en marche pour la concrétisation d’un grand projet de refondation du pays par l’ensemble des forces vives politiques et sociales qu’il compte en son sein. Au-delà de tout, c’est un projet de société, un programme de gouvernement s’il faut considérer les axes de la vie nationale autour desquels s’articulent les différentes propositions nées des consultations.

Pas d’arithmétique politique

Face à la dégradation de la situation du pays, voulue et orchestrée par les fossoyeurs de la République, le Président F.A. Tshisekedi a appelé à un sursaut patriotique, un vrai sursaut démocratique sur toute l’étendue du territoire national afin d’anéantir les desseins des cyniques, réveiller les somnambules et barrer le passage à celles et ceux qui portent la haine et la honte dans notre pays. Il n’entend pas être seul à la manœuvre. Il veut le faire avec l’ensemble du peuple congolais autour des principes, des valeurs et des actions. Actions pour le redressement moral de la Nation, sa réhabilitation sécuritaire, économique et sociale afin d’atteindre chaque Congolais dans son vécu quotidien, et que, in fine, personne ne soit laissé pour compte.

Pour y arriver, il a résolu de faire porter le grand projet de refondation du pays par l’ensemble des forces vives politiques et sociales qu’il compte au sein d’une Union Sacrée de la Nation. Qu’est-ce que l’Union Sacrée de la Nation ? Pourquoi sa mise en place ? Comment celle-ci pourrait-elle être le fer de lance du changement tant prôné par le chef de l’Etat ? En quoi sera-t-elle différente d’autres initiatives dans le passé ? Est-ce Une nouvelle mangeoire sur fond d’arithmétique politique, une blanchisserie, un slogan creux, une escapade politique?

Ce questionnement vaut son pesant d’or, en ce que l’appel du chef de l’Etat semble être attendu. Le clan Kabila est en plein délitement, même si quelques caciques tentent désespérément de se réorganiser autour de l’Autorité morale pour reprendre la main, le cas échéant, sauver ce qui peut l’être. Les départs sont loin d’être terminés. A leur tour, les Gouverneurs des provinces, en ce compris plusieurs Assemblées provinciales, viennent de faire leur allégeance. Point de gêne à soutenir que ce sont ces prosélytes qui, en s’associant aux forces progressistes, ont fait pencher la balance. D’abord pour catapulter le Bureau Mabunda à l’Assemblée nationale, sanctuaire de l’immobilisme pour avoir failli à sa mission constitutionnelle, celle de jouer le rôle pivot dans la République. Et ensuite pour marquer la fin d’une époque.

Reste cependant à savoir si les uns et les autres ont le même entendement que le chef de l’Etat sur l’Union Sacrée de la Nation.

Est-ce une sorte d’arche de Noé, comme aurait pu le dire le Prof. Philippe Baudouin Biyoya, qui va sauver les plus chanceux au prorata de leur apport dans l’arithmétique politique ? Est-ce un cadre pour l’absolution de tous les torts causés à la République ? Une déviation est donc possible en ce que les uns et les autres pensent se positionner à la nouvelle mangeoire en fonction de leurs poids politiques en termes des députés, voire sénateurs, qu’ils drainent et qu’ils présentent en monnaie de change dans ce qui apparaît comme une transaction politique. Au bout du compte, il y a un gouvernement qui sera mis en place. Mais, qu’il intègre les valeurs, l’expertise, etc. Entretemps, son prédécesseur ne s’avoue pas vaincu. Il fourbit ses armes afin de renverser la vapeur, le cas échéant, s’aménager un paravent politique pour éviter des représailles aussi bien sur le plan judiciaire, économique que moral. En désespoir de cause, il pourrait être tenté d’utiliser tous les moyens, y compris violents. Point n’est besoin de rappeler que les 18 ans de règne de Joseph Kabila sont marqués par des énigmes allant des crimes contre l’humanité à la prédation économique, voire la trahison de la nation.

C’est ici que le Président de la République est appelé à descendre dans l’arène pour recadrer encore une fois les choses. Son message de fin d’année au peuple congolais tombe bien à propos. L’objectif poursuivi est de rassembler, après 60 ans de gâchis, l’ensemble des forces vives politiques et sociales que compte le pays en vue d’enclencher et conduire à bon port la refondation de la RDC. Ceci dans le cadre d’une nouvelle conception de la gouvernance basée sur les résultats dans l’intérêt supérieur de la Nation.

En d’autres termes, c’est une adhésion aux principes et valeurs fondateurs de la République. C’est un pacte, un engagement, un projet de société pour rompre avec le passé qui s’est révélé dévastateur en vue de redresser les fronts longtemps courbés pour bâtir un nouveau Congo, un pays plus beau qu’avant et où il fait bon vivre sur fond de concordance. Ce n’est ni une façon de vouloir régler ses comptes à certains ni l’occasion de vouer aux gémonies les autres, vivement appelés à revenir dans la République.

L’arithmétique politique n’a pas donc sa place. Qu’est-ce qu’elle a apporté au pays, aujourd’hui la risée de tous ? Quel Député, Sénateur, Ministre, intellectuel, paysan peut soulever son petit doigt pour se prévaloir d’une action quelconque qui a fait émerger le Congo ? Le pays est dans une situation pitoyable que la Covid-19 vient d’aggraver.

Et il n’y a que des Congolais, malgré la solidarité de la communauté internationale, pour se sortir de cette mauvaise passe. La conscience nationale, l’amour de la patrie, la propension à une nouvelle gouvernance sur fond de changement de mentalité, l’ambition de vaincre et de se hisser à l’échiquier africain, voire international, sont autant d’atouts pour ce faire.

Griots de la société, les musiciens viennent d’interpeler tout un chacun. Puisse Dieu faire que l’avènement du Président congolais à la présidence de l’Union africaine, une première après Feu le Président Mobutu en 1967, soit un réellement vrai départ pour le pays. Pourvu que la classe politique s’inscrive dans le changement de paradigme et que le peuple ne se complaise pas dans le rôle de spectateur…

La Pros.

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