Quand le Chef de l’Etat reconnait qu »en moyenne nationale, l’incidence de la pauvreté a baissé de 8%, en passant de 71,3% en 2005 à 53,4% en 2012?, il n’y a pas meilleure façon pour lui, de décerner son satisfécit au Premier ministre de cette époque.

Présentant son programme de lutte contre la pauvreté le 16 octobre courant, le chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a, au détour d’une phrase, reconnu un redoux certain entre 2005 et 2012. Période qui correspond aux années Primature PALU. D’abord avec le patriarche Antoine Gizenga comme Premier ministre et un certain Muzito au Budget, qui par la suite deviendra lui-même Premier ministre.

Le Président de la République n’a ni cherché de mots ni recouru à une rhétorique particulière pour recadrer le Secrétaire général de son parti Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Alors qu’Augustin Kabuya avait qualifié de catastrophique, le bail d’Adolphe Muzito au château douillet de l’avenue Roi Baudoin, l’actuel Chef de l’Etat congolais, chiffres en bandoulière, juge très positif, le même bilan d’Adolphe Muzito. Insolite ? Honnêteté intellectuelle? Tout va donc avec.

Coté  »Nouvel Elan », plateforme politique chère Adolphe Muzito, la réaction de Félix Tshisekedi est accueillie des deux mains. Non pas à cause de la très bonne cote attribuée à leur leader. Bien au contraire. « Nouvel Elan » considère que l’opinion de Fatshi participe plutôt à son combat sur la « nécessité de mathématiser le débat politique », en le recentrant autour des chiffres pour mieux percevoir les défis du pays « , explique Me Steve Kivwata, cadre et porte-parole de la plateforme.

DES AVANCEES ECONOMIQUES A L’ACTIF DE MUZITO

Alors qu’il présentait son Programme présidentiel accéléré de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales (PPA-LCP), le mercredi 16 octobre au site touristique Africa Park Aventure (ex-Lac de Ma Vallée) dans la commune de Mont-Ngafula, Fatshi n’avait pas tari de propos laudatifs à l’endroit de l’ancien chef du Gouvernement Adolphe Muzito. Evidemment, sans l’avoir cité nommément. Néanmoins, des analystes politiques avertis avaient tout de suite compris de qui Fatshi parlait, lorsqu’il brandissait des chiffres.

On rappelle que le Chef de l’Etat, s’appuyant sur une étude du PNUD/RDC, avait reconnu qu’:  »En moyenne nationale, l’incidence de la pauvreté a baissé de 8%, en passant de 71,3% en 2005 à 53,4% en 2012. Durant la même période, l’extrême pauvreté sévère a baissé deux fois moins vite. » Pas un scoop de Forum des As. Et dire que le chef de l’Etat avait, par ailleurs, reconnu lui-même que cette situation ne s’était guère améliorée après cette période qui correspond, faut-il le souligner, à celle ayant vu Adolphe Muzito d’abord comme ministre du Budget et, ensuite, entant que Premier ministre.

D’ores et déjà, à l’actif de l’ancien Premier ministre, ayant dirigé le gouvernement du 10 octobre 2008 au 06 mars 2012, on peut retenir quelques avancées économiques telles que la réduction de la dette extérieure passée de 14 milliards à 5 milliards de dollars, l’augmentation du budget en ressources propres de 400% [de 800 millions de dollars (2008) à 4 milliards de dollars (2012)]. S’ajoutent à cela, la stabilisation du taux de change sur le marché local (un dollar se changeait à 900 FC), l’augmentation des réserves de change de 1000% [de 138,8 millions de dollars (2007) à 1,7 milliard de dollars (2012)], la construction de plusieurs infrastructures routières.

Des analystes révèlent également que malgré le Programme avec le FMI, Adolphe Muzito avait sensiblement amélioré les salaires des enseignants et des fonctionnaires de l’Etat (de 20 dollars à 100 dollars), des médecins (de 100 dollars à 800 dollars), des magistrats (de 500 dollars à 1000 dollars), des professeurs d’université (de moins de 500 dollars à 2 000 dollars). On peut tout ne pas lui reconnaitre, sauf cela.

Il est important de souligner que toutes ces performances économiques sont les effets induits de la bonne gouvernance et de la rigueur d’Adolphe Muzito dans la gestion. Ces effets positifs, faut-il le souligner, avaient très significativement impacté sur la réduction de la pauvreté en RD Congo au courant de la période indiquée ci-dessus.

ELAN ECONOMIQUE NON SUIVI

Cependant, Steve Kivwata regrette que ce bel élan économique n’ait pas été suivi par les successeurs d’Adolphe Muzito qui, selon lui, avaient pourtant bénéficié de retombées de la gestion de leur prédécesseur. Ce cadre de Nouvel Elan estime que tous ceux qui se sont succédé au fauteuil tant convoité de la Primature après « Mfumu Mpa » (surnom collé à Adolphe Muzito par ses milliers d’électeurs à Kikwit), ont brillé par des contreperformances. Et il y va de sa démonstration.

Premièrement, Steve Kivwata constate que les remplaçants d’Adolphe Muzito ont été incapables de travailler avec les institutions de Bretton Woods et de mobiliser des ressources extérieures, bien que la dette extérieure ait été annulée dans sa grande partie. En second lieu, sept après le départ de Muzito de la Primature, on réalise que le budget n’a pas été majoré en termes de ressources propres, sinon de quelque 35% seulement. Soit, de 3,5 milliards USD en 2012 à 4,7 milliards de dollars en 2019. En plus, le secteur d’infrastructures routières n’a pas connu assez de constructions.

Quant aux secteurs de l’Enseignement et de la Fonction publique, les salaires des enseignants, des professeurs d’université, des fonctionnaires, des médecins, des magistrats, etc. n’ont pas été améliorés. Bien au contraire. La dévaluation du franc congolais aidant, avec un taux de change en constante fluctuation, passé de 900 FC en 2012 à 1 600 FC en 2019 le dollar, les agents et fonctionnaires de l’Etat ont plutôt connu une baisse drastique de 50% de leur pouvoir d’achat.

A tous égards, Steve Kivwata oppose à quiconque lui brandirait des données contraires, un condensé de la Banque centrale du Congo (BCC) n°50/2012 du 30 décembre 2016. « Des chiffres mentent pas », conclut-il.

Kléber KUNGU
Forum des As

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