C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, ces deux militants des droits de l’homme tués en république démocratique du Congo le 1er juin 2010. Jacques Migabo a été arrêté à Lubumbashi, transféré à Kinshasa et placé entre les mains de l’auditorat militaire. Il était recherché par la justice depuis longtemps, condamné par contumace. Il était cité par les deux témoins de RFI comme l’un des meneurs du commando chargé d’assassiner les deux militants des droits de l’homme.

Sous-commissaire adjoint, membre du très redouté bataillon Simba, Jacques Migabo était considéré comme en fuite depuis près de dix ans. Il avait été condamné par contumace lors du procès de 2011. Et pour les avocats des parties civiles, cette arrestation est une revanche historique.

À l’époque de l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, il était le garde du corps du major Christian Ngoy Kenga Kenga, détenu lui depuis septembre dernier. Selon ses deux collègues du commando interrogés par RFI, il a joué un rôle prépondérant dans ces assassinats, dans l’acte lui-même comme dans les tentatives de cacher les motifs réels de ce double meurtre. Le policier Hergil Ilunga raconte par exemple que c’est Jacques Migabo qui avait acheté des préservatifs et d’autres objets pour faire croire que Floribert Chebeya avait été tué alors qu’il était avec une femme.

Jacques Migabo a été arrêté dans des circonstances qui restent à clarifier. Une source au sein de la justice militaire précise que son interpellation a eu lieu à Lubumbashi il y a quelques jours. Il est arrivé mardi soir vers 22h30 à Kinshasa. Une autre source proche du dossier indique que Jacques Migabo a été ramené avec des personnes soupçonnées d’être des membres de Bakata Katanga et des proches de Gedeon, le chef de guerre katangais.

Selon une source judiciaire, outre le double assassinat des militants de la Voix des sans voix, il est aussi reproché à Jacques Migabo une implication dans les incursions répétées de ce groupe de miliciens que l’on dit indépendantistes. On n’en sait pas plus pour le moment.

En revanche, dans le dossier Chebeya et Bazana, on sait que la justice militaire attend beaucoup de lui. Elle espère que Jacques Migabo pourra l’amener sur les lieux où Fidèle Bazana a été enterré. Elle envisagerait même une descente sur le terrain pour une reconstitution. Jusqu’ici le périmètre a été sécurisé, mais le lieu précis n’a pas encore été identifié.

C’est d’abord pour son implication aux côtés des Bakata Katanga que l’ancien policier Jacques Migabo a été arrêté à Lubumbashi il y a quelques jours. C’est ce qu’explique une source au sein de la justice militaire. Ce groupe de miliciens réputés indépendantistes katangais mènent des attaques armées depuis plus de 7 ans, la plus récente à Lubumbashi le week-end dernier. Jacques Migabo n’est d’ailleurs pas venu seul de Lubumbashi. Il a été transporté avec au moins un autre prisonnier, lui aussi soupçonné d’être lié au groupe. Une source militaire évoque le nom de Thierry Mukelekele, un ancien porte-parole du chef de guerre Gedeon. Jacques Migabo est un ancien du bataillon Simba, formé de proches du général John Numbi. A en croire ce qu’ont dit à RFI ses deux collègues du commando chargé de tuer Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, cela fait 10 ans que Jacques Migabo est caché dans l’ancienne province du Katanga, sous la protection de ce général très redouté à l’époque de Joseph Kabila et soupçonné par les familles d’être le commanditaire du double l’assassinat. John Numbi est aussi régulièrement accusé d’être l’instigateur de l’insécurité dans le grand Katanga, voire d’être l’un des parrains des Bakata Katanga.

RFI

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