Si ces bruits s’avéraient vrais, le Président Félix Tshisekedi devrait décourager cette entreprise qui nuirait à la nécessaire cohésion gouvernementale.

Alors qu’on est encore à l’étape des tractations autour du choix des candidats ministres, des bruits de plus en plus persistants venant de la ville haute, font état d’un noyau de députés appelé « task-force » qui se réunirait pour composer un Gouvernement parallèle. Ce, en violation ou mépris des critères clairement énoncés par le nouveau Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde.

Vu des observateurs, ce genre de démarche risque de nuire gravement à la nécessaire cohésion et discipline gouvernementales. Qui dit cohésion dit cohérence. Ici, le but de la manœuvre consiste à avoir un groupe de membres du nouveau futur gouvernement qui échapperaient au contrôle du Premier ministre. Ce qui entrainerait de l’indiscipline et de l’insubordination, avec toutes leurs conséquences sur le fonctionnement -même de l’Exécutif.

S’étant fait l’écho de la démarche de cette task-force, un groupe de sages, quoi qu’ayant requis l’anonymat, invite le Président Félix Tshisekedi à mettre de l’ordre dans son état-major politique et tous ses tentacules. En d’autres termes, si ces bruits s’avéraient vrais, le chef de l’Etat devrait décourager cette entreprise qui nuirait à la nécessaire cohésion gouvernementale. Car, il y va de l’intérêt supérieur de la nation.

LAISSER SAMA LUKONDE ASSEOIR LE GOUVERNEMENT

Après la dissolution de la coalition FCC-CACH en décembre dernier, le pays entier a le regard tourné vers le Président Félix Tshisekedi, resté seul pôle du pouvoir en RD Congo. Moralité, le Chef de l’Etat n’a plus d’excuses quant à la réalisation de sa vision. Un pari qu’il devra à tout prix réussir avec le concours du futur Gouvernement issu de la nouvelle majorité parlementaire estampillée Union sacrée de la nation. Autrement dit, de l’efficacité de l’équipe Sama Lukonde, dépendra le succès, l’atteinte des objectifs du Président de la République.

Partant, si l’on veut vraiment que le Premier ministre réussisse, lui qui est constitutionnellement le Chef du Gouvernement, il faudrait alors le laisser asseoir toute son autorité sur son équipe. Evidemment, en dehors des ministères dits régaliens (Défense, Justice, Intérieur, Affaires étrangères) dont le choix des candidats relève de la prérogative du Chef de l’Etat. Et même alors, ces deniers ne peuvent sous aucun prétexte, prétendre ne pas répondre du Chef du Gouvernement qu’est le Premier ministre.

Dans la situation actuelle du pays, l’on devrait donc éviter de phagocyter l’actuel Chef de l’Exécutif Jean-Michel Sama Lukonde par des ministres qui échapperaient à son contrôle. Déjà, certains observateurs expriment leur crainte à la suite de ces bruits de plus en plus persistants autour de l’existence de ce noyau de députés. Cette « task-force », apprend-on, s’attellerait à faire nommer des ministres en dehors du champ normal.

Ce qui fait justement craindre. Car, il s’agirait là, d’un Gouvernement « parallèle » pour ne pas dire un gouvernement dans le Gouvernement. A tout le moins, des ministres comme dit précédemment, qui n’auraient des comptes à rendre au Premier ministre. On pourrait alors imaginer la suite.

Face au danger qui guète la cohésion et la cohérence du Gouvernement, nul sage ne conseillerait donc le Président de la République, garant constitutionnel du bon fonctionnement des institutions, à laisser ce noyau de députés nationaux de parachever leur entreprise. Sauf si l’option de faire ombrage à Sama Lukonde serait délibérément levée. Sinon, le Chef de l’Etat a le devoir naturel de sécuriser son Premier ministre en veillant au respect strict des critères que ce dernier a clairement énoncés quant au choix des candidats ministrables. A savoir, la compétence, l’expérience et la probité morale.

Ici comme ailleurs, la taille réduite d’un Gouvernement ne traduit pas forcément son efficacité. Bien au contraire. Le rendement, l’efficience d’un Exécutif est fonction de sa cohérence et de la cohésion des membres qui le composent. Trivialement, le futur Gouvernement Sama Lukonde ne sera réellement efficace que si la cohésion et la cohérence sont son fort. Sinon, il risquerait d’être neutralisé par ceux des ministres qui estimeront ne pas devoir répondre du Premier ministre. Et cela ne serait donc ni dans l’intérêt du pays ni du Chef de l’Etat. Lui sur qui sont braqués les yeux de plus de 80 millions de ses concitoyens qui attentent beaucoup des trois années restantes de son quinquennat en cours.

Grevisse Kabrel
Forum des As

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici