Le Groupe d’Etude sur le Congo (GEC, associé à l’Université de New York), publie ce 7 janvier un rapport sur la réforme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il s’inquiète de l’absence de préparatifs pour éviter la répétition du chaos des dernières élections, ainsi que du désintérêt pour ce sujet à la Présidence de la République tout comme à l’Assemblée nationale.

Après trois cycles électoraux de plus en plus mauvais et controversés, le Congo est dans « une impasse », constatent les auteurs du rapport. Contrôler la CENI est « devenu l’enjeu crucial pour conquérir ou conserver le pouvoir », ce qui décrédibilise complètement les scrutins, qui coûtent cependant fort cher au pays.

Le rapport retrace l’historique des difficultés du Congo à se doter d’une commission électorale indépendante. Il s’inquiète de ce que, deux ans avant la prochaine échéance, il n’y ait pas « d’interlocuteur chargé de cette problématique auprès du chef de l’Etat », Félix Tshisekedi, et du désintérêt également montré par l’Assemblée nationale, où il est « tout aussi difficile de déceler une réelle volonté de s’atteler rapidement à la réforme électorale ». Ainsi, une seule proposition de réforme de la Ceni a été déposée, celle du député Christophe Lutundula (Ensemble pour la République). En outre, elle l’a été en août 2019 mais, en décembre 2020, n’avait toujours pas été soumise à débat devant la plénière.

Intérêt à conserver ces pratiques en l’état

Une explication de ce désintérêt est sans doute à trouver dans la constatation faite en 2012 par la Commission mondiale des élections, présidée par Kofi Annan: il est difficile de réformer en matière électorale après des scrutins controversés « pour la simple et bonne raison que les dirigeants en exercice ont été élus grâce à des règles et pratiques qui ont tourné à leur avantage (…). Ils ont donc généralement intérêt à conserver ces règles et pratiques en l’état ».

Le rapport analyse les avantages et inconvénients de la proposition de loi Lutundula. Il suggère des garde-fous pour réduire l’influence politique en son sein et accroître la transparence des scrutins, tels que la redevabilité des membres de la Ceni; l’audit régulier de leurs activités; la création d’un organe indépendant de contrôle de ses activités. Il analyse les réussites enregistrées en la matière dans d’autres pays du continent. Ainsi au Sénégal, les processus électoraux sont maintenant cogérés par le ministère de l’Intérieur et un corps de supervision indépendant; en Afrique du Sud et en Namibie, on recrute les membres de la commission électorale par concours avant que le parlement avalise les nominations.

La libre Afrique

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